mercredi 30 décembre 2009

Battery

Mon anglais courant m’inspire quelques doutes, car outre manche les faux amis sont légions. J’avais envie de parler de batterie mais comme je ne raterai pour rien au monde la moindre occasion de caser une allusion musicale aux quatre fameux horseman qui ont bercé toute mon enfance… Pour s’endormir, rien de tel que cette superbe intro, une espèce rare de mélodie envoutante …de quoi donner une réelle profondeur mystique.. S’en suit le riff percutant d’une marque de fabrique que ne retrouva nulle part ailleurs depuis.

Bref, j’aurais préféré que mon problème de batterie arrive le 24. Cela m’aurait épargné une morne journée au boulot. Pour la première fois je dus allumer la lumière en arrivant et l’éteindre en partant. J’étais seul sur cet immense plateau paysager, lui qui était pourtant censé développer la communication, la circulation d’idées novatrices et renforcer l’esprit d’équipe. Il y avait presque quelque chose de surnaturel, d’incongru…un peu comme ces samedis matins où la raison devrait nous pousser à rester au chaud sous la couette au lieu de se soumettre à une folie cuvettarde nous menant droit à la surgélation, au pied d’une falaise. Je ressentis de nouveau ce délicieux sentiment d’anormalité lorsque je me retrouvai à la machine à café. Alors que d’accoutumée je passe plus d’une heure en serrage de mains, en bises et en vaines discussions sur la météo, le cours de la bourse, l’épidémie de grippe A ou encore la vie de famille de ceux que mon voisin de bureau définit si justement comme de simples relations de travail, imposées par notre hiérarchie.
Un problème de batterie donc, quelques coup de clé dans le contact, un semblant de vrombissement toussoteux et finalement plus rien. Heureusement, ce ne fut pas au moment de rejoindre les cuvettards à Voreppe. Mais j’ai échappé de peu à la lapidation car on a failli louper notre rendez vous avec le père Noël. Le vrai bien sur, pas celui qu’on voit partout dans toutes les grandes surfaces. J’en suis sur, ce sont mes enfants qui me l’ont affirmé.
Un coup de froid, un peu d’humidité et voilà le moteur qui cale. J’eus la même impression en observant une foule de cuvettards, tous venus taper des essais dans le cultissime Bouze maker 7c, de la grotte de Voreppe. Un moteur qui fait semblant de se lancer, puis qui s’éteint au bout de 4 mouvements, incapable de fournir la puissance nécessaire à fermer le bras pour passer le crux. On à beau observer les différences de styles, de couleurs, d’éthique, de carrures, de tenues… le résultat en bien toujours le même. On nous rabâche pourtant à longueur de temps que la mixité, le mélange et le brassage des genres resterait le meilleur moyen d’avancer…

Puisqu’on parle de bricolage, j’ai du sortir mes plus beaux outils, pour ma batterie mais surtout pour accéder au pied de Fading Light, le 8a de Voreppe.

Dire qu’ils sont si nombreux à parcourir le monde, même Schnappi serait en pleine quête du coté de Seynes…En plus de battre le record de l’empreinte carbone de l’écolo grimpeur, ils cherchent tous la plus belle colo du monde. Mais aucun d’eux ne peut songer qu’elle se cache tout simplement ici, en pays cuvettard. Protégée, dans son écrin de verdure bordé par la zone industrielle et la route nationale, elle se cache au dessus de la petite grotte. Une véritable invitation à venir se laisser dévorer par cette immense mono colonne qui offre 30m de conti, à se frotter sensuellement contre elle, à la serrer avec fougue entre les cuisses et à repter langoureusement le long du sa peau si lisse et si douce.
Voreppe. Cette falaise regorge de merveilles, qui se laissent découvrir pour peu qu’on décide de se laisser apprivoiser…pour y grimper….autrement. Ptit rond, un simple 7b, dont l’histoire est étrange…équipé puis déséquipé, puis rééquipé puis de nouveau déséquipé, et enfin de nouveau rééquipé par Sunny. L’une des rares voies de LaCuvette dont le relais se clippe à la perche. A peine 10 mouv bien péchus. Juste de quoi donner de fil à retordre à Jean-Yves, Luca, Ludo et Sylvain…sous le regard complice de l’œil de LaCuvette…


Bonne année à tous, que 2010 permettent à tous les cuvettards de (re)découvrir les joyaux cachés de nos falaises, mais sans trop en ébruiter l’existence, juste pour que l’on puisse y couler encore de nombreux jours paisibles et heureux…

dimanche 20 décembre 2009

Enfin

L’année touche à sa fin. Avant que ce ne soit l’heure des bilans, les préparations de Noël ont fini par balayer la petite déprime de Novembre avec sa grisaille ambiante et ses jours trop courts. La magie du vieil homme à la robe rouge a fait tomber les premières neiges, juste pour adoucir les bruits de la civilisation et colorer la ville d’une blancheur froide et féérique. Alors que le climat devrait dangereusement se réchauffer, je relevai -8°C ce matin alors que je m’en allais, le béret fourré sur la tête, acheter ma baguette et mon journal…en luge… Croire encore au Père Noël, c’est surtout se permettre de vivre encore et toujours quelques instants incroyables, complètement déraisonnables, et souvent incompréhensibles aux yeux des adultes. Tandis que certains avaient l’onglée, à la maison rien qu’à sortir du lit, Sylvain et Jean-Yves me récupéraient déjà, le jour à peine levé. A grands coups de publications scientifiques (page 9), je les avais persuadés de la chance que Lacuvette nous avait accordée. "La nature calcaire du sous-sol n’est pas propice à la rétention de l’eau sur la colline de Comboire. Si on y ajoute l’exposition ensoleillée des versants sud et est on comprend que la faune et la flore doivent faire face à des conditions quasi méditerranéennes. On rencontre sur la colline de Comboire des espèces dont l’aire de répartition principale se situe beaucoup plus au sud et dont la présence, ici, est exceptionnelle. Le genévrier thurifère est ainsi un arbuste dont les principales populations se situent au Maroc. Les falaises de Comboire constituent l’un des sites les plus nordiques de cette espèce". Il n’y a pas de fumée sans feu, et nous allions donc être les seuls et uniques privilégiés à profiter de ce micro climat saharien. Grâce 4 pneus neige, nous arrivâmes finalement assez facilement au parking de Comboire. Contre toute attente, il fallut faire la trace pour accéder à la falaise. Et personne ne vint perturber la sérénité de ce samedi matin. Une falaise d’un autre temps dont les platasses et les grosses pinces se prêtent à merveille aux conditions du jour. Et quelques vestiges du temps des premières prises en résine, lorsque les salles d’escalade n’existaient pas encore. Entre les coulées de glace éphémères et l’irréalité des stalactites, Jean-Yves choisit de se réchauffer dans une voie spécialement conçu pour être longue et continue, Fleur de nave, 7a+, du secteur des toits. Dans une toute autre filière et surtout pour ne pas que l’onglée n’ait le temps d’arriver, Sylvain enchaina, globalement, au prix de trésors de finesse et de technique, le très court mais rigolo Vieil Arsenic 7a. Attention, âme sensible s’abstenir puisque l’on peut entrapercevoir qu'à un bref moment, il tente de poser un pied.

Enfin, je glissai moi aussi, sur la strate verglacée de la fin de la traversée de la conque d’El condor buta, 7c. Encore une voie unique à l’ambiance torride et à l’inconfort permanent.En parfaite communion avec la nature, tandis que le soleil poursuivait sa course au raz de l’horizon, nous basculions vers le secteur face sud pour pleinement profiter de la chaleur de ses timides rayons. L’occasion de rendre visite à 2 pas de bloc mythiques qui ont contribué à la légende de la falaise. A commencer par Belles et buts, le 7b dont la méthode de la pointe contre pointe resta encore à l’état de vague utopie pour Jean-Yves et Sylvain. Ce qui me permet de recycler une vielle photo de Ludo qui en 2004 randonna la belle sans prendre de but…et avec l’aisance qu’on lui connait. La deuxième, Rock Accro, le 7b+ de droite. Deux plats pour démarrer, puis 2 inexistences à relancer main gauche, les pieds en vrac jusqu’à une lointaine inverse. Un mouv qui, avec Ludo nous avait encore ramenés à la dure réalité des vraies cotations, et ce, à maintes reprises. Et puis, ce jour, surement aidé pour la magie de Noël et par l’incroyable collante, je réussissais miraculeusement à m’envoler avec ces 2 plats, puis à recoller pour tenir et enfin bloquer cette règle pince bizarre...
Et dire que ce matin, les deux mains collées autour de mon bol de café j’ai bien plus froid qu’hier, lorsqu’on tapait des essais…Merci Père Noël pour ses falaises et ce micro climat qui permet au petit monde de LaCuvette de trouver son bonheur par tous les temps, et en toute saison !!
Et n’oublie pas mon petit soulier…
Le reste des photos du pole nord >>ICI<<

dimanche 13 décembre 2009

La base

La base…c’est ce que je rabâche au boulot, à chaque fois que l’on monte de nouvelles équipes. Le coup du pot et des cailloux fait toujours sont effet. Imaginez un immense pot de verre ainsi qu’une douzaine de cailloux à peu près gros comme des balles de tennis. Je les place délicatement, un par un, dans le grand pot. Lorsque le pot est rempli jusqu'au bord sans qu'il soit possible d'y ajouter un caillou de plus, pensez vous que le pot est plein ? Indubitablement, vous me répondrez en cœur "Oui". Imaginez maintenant un sceau rempli de gravier. Que se passerait-t-il si je versais délicatement ce gravier sur les gros cailloux, en brassant légèrement le pot ? Et bien les morceaux de gravier s'infiltreront entre les cailloux... jusqu'au fond du pot. Devant votre yeux ébahis et médusé, invariablement, je reposerais la même la question : "Est-ce que ce pot est plein ?". Méfiants cette fois, vous me répondriez "Probablement pas !". "Bien", vous féliciterais-je alors en sortant de sous la table un seau de sable. En le versant dans le pot, le sable ira remplir les espaces entre les gros cailloux et le gravier. Une fois encore, je vous demanderais "Est-ce que ce pot est plein ?". Cette fois, à l’unisson j’entendrais "Non !". Je finirais alors avec un pichet d'eau en remplissant le pot jusqu'à ras bord. A chaque fois, je laisse un long silence, histoire que tous comprennent d’eux même que lorsqu’ils pensent avoir un agenda complètement rempli, et bien, en le voulant vraiment, ils pourraient toujours y ajouter plus de rendez-vous, plus de choses à faire…Après ce premier degré évident, je termine toujours en gardant la tête haute, en concluant que la grande vérité que démontre cette expérience est toute simple : si on ne met pas les gros cailloux en premier dans le pot, on ne pourra jamais faire rentrer tout le reste ensuite. Ce qu'il faut retenir, c'est l'importance de faire passer ses gros cailloux en premier…La base quoi, en somme…
C’est ce qu’on avait eu tendance un peu à oublier ces derniers temps en nous perdant en pays Vertaco. Il fallait rectifier le tir et revenir à des valeurs sures.

Espace comboire donc, et pour remettre les pendules à l’heure rien de tel qu’un bon vieux Peau de balle, simple 7a+ du secteur extrême gauche. Dépités par un départ des familles et par une fin subtile en dalle, Jean-Yves et Sylvain me broyèrent de rage ma toute nouvelle perche. Ils tentèrent ensuite de se rattraper avec la réjouissante perspective de piquer les premières réalisations du rebord du monde, 7a un superbe voyage initiatique en arc de cercle, au bout de la vire, dans un rocher gris parfaitement sculpté, et du Trou de balle, un 7b/7b+ dans le plus pur style Espace Comboirien, en léger dévers, court, sur plats, angles et rondeurs, à dynamiser, tout en douceur…Mais l’ordre des choses ne pouvait subitement s’inverser, et ces 2 FA revinrent finalement à l’éternel sumo, ermite équipeur du lieu. GrandLudo s’offrit les 2 premières répétitions au prix de biens beaux efforts, tandis que Bruno et Sylvain décrochèrent la 2eme et 3eme du Rebord du monde. Quant à Luca, il doit toujours, à l’heure qu’il est, s’acharner avec Richard pour empocher la 2eme et la 3eme du Trou de balle.Comme pour tant d’autres choses, la grimpe n’échappe pas à la règle. Certains voies se sont imposées d’elles mêmes, sans qu’on ait besoin d’en parler. Des sortes de rituels ancrés dans la mémoire collective, auquel il faut se soumettre pour passer à l’âge adulte. Pourtant, ce sont souvent ni les plus belles, ni les plus dures…mais elles recèlent ce brin de je ne sais quoi singulier, qui en ont fait des passages obligés. L’arme à l’œil par exemple pour le 7b. On ne peut se prétendre cuvettard sans avoir fait le 8a de la Poudre, aux Lames…n’est-ce pas Schnappi ?….Il faut avoir fait Strapper français, le 7a+ du mas d’Auris. On ne peut se soustraire à la redoutable fissure de l’Ampoule de jardinier à Voreppe, ni à Bouse maker, sa bien aimée voisine de droite, toutes deux 7c. Cette dernière s’est même vu parcourue en son temps, par Clém, un des mutants rioupéristes pourtant des plus réfractaires à l’usage de la corde. C’est ainsi que ces 2 voies ont fait l’objet de nombreuses visites ces dernières semaines. A commencer par Oliv, Luca et bientôt Sylvain pour Bouse maker, la bien nommée, suivis de Schnappi, Charlie et Pierrick pour le mythe en toit de l’Ampoule…lassés par trop de 8b dans le Vercors surement plus…conventionnels…et aux couchés de soleil moins exotiques.Avec Ludo, on se devait participer à la fête, en tentant nous aussi d’allumer l’Ampoule. On vit alors 2 écoles radicalement différentes, celle du guerrier insensible à la douleur et inconscient, avec Ludo qui coinça tout les parties protubérantes de son anatomie dans cette grosse fente gluante, opposée à celle de la fluidité de celui qui affleure avec douceur le rebord de la lèvre de cette magnifique fissure en toit, se contorsionnant avec souplesse et grâce pour épouser à merveilles les caprices de dame nature… Même topo dans Bouse maker entre la débauche hormonale d’Oliv qui tente de tout faire no foot et Luca qui se la joue fillette effarouchée à la calvitie naissante en tentant, carre externe, lolotte et prises intermédiaires… Mais la base ça reste bien de serrer les croutes, et si possible en dalle. C’est ainsi que Lol et Martin auraient été aperçus en plein ébats, le cul bien en arrière…dans Amour…toujours, le 8b dalleux et passage obligé des Lames. Autres lieux mais toujours une parfaite dalle grise avec Iaki qui revient aux sources de Saint Sulpice, dans Le maître décolle, élève la voie, un superbe 8a que l’on doit au grand monsieur FT. La base, c’est surtout de ne plus se poser de question, de suivre l’instinct primitif de l’espèce cuvettarde, celui là même qui nous sort du lit ces matins d’hiver gris et froids, juste pour le plaisir de se choper une onglée dans une de ces voies mythiques dont la simple évocation du nom suffit déjà à nourrir nos fantasmes…Comme la Foué famely’s qui rêva de trous et de monos, et qui le lendemain matin au réveil fit 500km pour se poser au pied des murs blancs du Saussois. Quelques instants plus tard, le sourire aux lèvres et le devoir accompli, les brothers clippaient le dernier point d’un monument de l’histoire de la grimpe, Chimpanzodrome, 7c+.

Bravo messieurs, c’est bien ça, avoir la foi !!

lundi 30 novembre 2009

Perfect moment

Etre là, juste lorsqu’il le faut, pour profiter d’un instant précieux qui ne se représentera plus jamais sous la même forme. Fruit du hasard pour les doux rêveurs et leur bonne étoile. Machiavélique machination pour les calculateurs qui ne font du destin qu’une suite d’événements maniaquement préparés.





8h10 au parking, nous descendions chaudement vêtus le long de la route couverte de givre. Alors que nous sortions à peine du tunnel, j’entendis les commentaires émerveillés de cuvettards encore endormis, stupéfaits devant ce qu’ils prenaient presque pour une sainte apparition. "Ca alors, il n’y a du soleil qu’à un seul endroit, et c’est sur la falaise!"…comme si c’était le hasard qui m’avait fait si lourdement insister pour décoller dès 7h15…C’est là qu’il fallait être, ne serait-ce que pour le gâteau au chocolat de Jean-Yves promis pour son premier 7c, la semaine dernière au même endroit. Mais il en faudra un autre la semaine prochaine pour son deuxième, toujours au même endroit, avec Never Trust. Grandludo rata de peu la même voie flash, vraisemblablement gêné par de trop grandes jambes venues se coincer sous les aisselles dans le regroupé du dernier mouvement. Quant à Luca, sans son harem, il nous régala de biens beaux essais. Malgré un changement de méthode avec "le pied sur le choux fleur", il ne parvint toujours pas au terme de son Voyage, 7c+. Seule voie sur croutes en dalle dans ce temple de la conti sur colo. Xavier aurait-il fait exprès d’oublier ses clés au pied de la falaise ? Un prétexte tout trouvé pour y retourner le lendemain et poursuivre une moisson de croix bien commencée avec la très homogène connexion en 7c de Never Trust a Hamac. A moins que ce ne soit son désir secret de partager un samedi après midi avec Yves et vivre une légendaire poussée de caddie à Carrouf.
Le hasard seul expliquerait-il l’aisance d’Oliv et Sylvain dans la longue section rési de Coran alternatif, le 7c à l’extrémité droite de la falaise ? Je trouvais la réponse à la question dès le lendemain, alors que je rendais une visite surprise à Oliv, pendant la promenade digestive dominicale. Lorsque j’ouvris la porte d’entrée du garage, j’étais à milles lieux de m’imaginer pareil scène. Une véritable salle de torture …et nos deux compères en plein effort, au milieu de tonnes de fonte, enchainant des séries de forçats. "On a rien sans rien !" me lançaient-ils en cœur, comme pour me culpabiliser de ne pas être capable d’aligner 2 tractions d’affilée, même au meilleur de ma forme…Je pensais alors à Schnappi et ses légendaires séances sur le pan gullich de la fac. Cela expliquerait-il ses croix du week-end dans Tomber du ciel, 8b à Tamée coté court et l’Epicentre de la taupinière, 8a à la taupinière. Certes, il s’agit du Vercors, et même si ça ne compte pas vraiment, force est de constater l’affutage du moment du jeune protégé de LaCuvette. Comme quoi, rien ne vaut une bonne humiliation par de frêles grimpeuses sur le pan gullich. Remercions aussi à sa juste valeur, son tout nouveau sponsor sans qui rien n’aurait été possible : l’éducation nationale !!
Depuis plus d’un mois, Nico semblerait avoir disparu du paysage cuvettard, depuis son mémorable baptême espace comboirien. Là encore, point de hasard, il serait en train terminer une redoutable machine de guerre capable de satelliser les cuvettards loin sur la route du 8 eme degré…
Mardi, énième grève du sponsor de Schnappi. Depuis longtemps, j’avais arrêté de questionner la maitresse sur ses motivations profondes. Je posai machinalement un jour de congé. Par hasard, Ludo était de garde suite à la fermeture pandémique de l’école. Ce fut donc par le simple fait du hasard que nous nous retrouvions pour un gouter au pied des dévers de Comboire. Une falaise de l’histoire locale. Un devers régulier, taillé au couteau. 18 mouvements parfaitement homogènes…et pas une seule prise naturelle, toutes amoureusement taillées au perfo. Un nom pour faire rêver, Lèvres de feu, un 7b d’un autre temps comme il n’en n’existe plus…Comment venir à Comboire sans monter au moins une fois dans le 7c d’El condor buta ? Après les récentes ballades dans les 7c vertaco, rien de tel qu’un bon gros but, soit dans les mouvements physiques du départ, soit dans la traversée dans le bas de la conque où l’on ne sait plus de quel coté balancer les pieds pour se sortir du gros bi et se rétablir précairement, soit lors du clippage dans le dos du point suivant, soit dans la sortie sur angles précaires ou soit dans la dernière partie en dièdre technique et aléatoire. Encore une base de LaCuvette, et comme par hasard à peine à quelques encablures de la maison et du boulot…
Mais alors, comme le pensent certains, ce serait seulement le hasard qui ferait si bien les choses ?

lundi 23 novembre 2009

Vercors-itude

Ca doit être l’effet été indien. Même si l’ancien avait tort puisqu’il n’existe pas que dans le nord de l’Amérique. Un souffle d’air chaud venu du sud, un soleil radieux qui rase les cimes environnantes, un relief paisible et dégagé. Le murmure de l’automne avec ses dernières feuilles jaunies qui craquent et se laissent porter par le vent…on en oublierait presque l’agitation de LaCuvette, l’austérité de ces accès longs et scabreux, l’inconfort de ses vires, la rudesse de son caillou et le ronronnement incessant et rassurant de la ville. Une sorte de parenthèse faite de douceur, qui s’inscrit dans la durée et qui réveille la part de féminité de LaCuvette. Après la démonstration de la semaine dernière, madame JMC remet ça du coté de Tamée coté court en réglant son compte, avec une délicatesse pleine d’aménités, le court 8a de Laisse béton.

J’ai volontairement tronqué le commentaire inopportun qui ternissait la fin du film, surement à mettre sur le compte d’un mari jaloux… : "n’importe quoi, et sans avoir posé une seule fois les pieds’’.
Luca, le sultan de Tinadalle, défile depuis plusieurs semaines en charmante compagnie Comme si l’effet ‘’je roule les r, j'ai un nom en i, et je laisse briller ma chaîne en or sur ma moumoute’’ n’était finalement pas qu'une légende. Mais c’est Laurence qui finit toute seule le Voyage, son tout premier 8a…laissant notre pauvre Casanova aux portes de la première longueur pourtant juste assez physique pour son physique d’Adonis, en 7c+.
Le goujat ne prit même pas la peine d’immortaliser l’instant…me voilà obligé de sortir une vieille photos hors de propos… Le privilège de l’âge nous conduit à moins de scrupules et moins d’idéalisme. Un peu comme ce bleu qui savait bien qu’il serait plus habile pour pousser la balle au fond du filet avec sa main plutôt qu’avec son pied. Direction Tinadalle encore. Pas de marche d’approche, horizon bucolique et confort au pied des voies. Oliv ne sut plus sur quel pied danser, ni lequel poser d’ailleur dans ce lieu qui sera surement celui de ses futurs exploits. Bruno nous refit le coup du ''même pas fatigué au bout de 35m d’escalade et plus de ¾ d’heure dans la voie''. Sous prétexte de ne pas vouloir faire le dernier mouv en dynamique, nous l’avons vu redescendre la moitié de la voie pour se refaire complètement, avant de remonter clipper la chaine, au ralenti. Plus c’est long, plus c’est bon, mais visiblement pas encore assez, même dans sang coulé, 7b+, la voie la plus longue de la falaise. Jean-Yves signa son premier 7c avec Grain de poussière, l’incontournable mur à colo rési de gauche. Sylvain serra sans retenue les prises de Never Trust, victime de l’excitation d’être aussi proche de son premier 7c. Encore un peu de dosage pour gérer correctement ces 3 sections bloc et il rejoindra Jean-Yves dans la course effrénée vers le 8eme degré. Courage, les premières fois sont souvent les plus rudes…. C’est ce que je me suis dit en reptant sur la colo ronde de garde à vue prolongée 8a, avant d’entreprendre l’hasardeuse mais salvatrice horloge du JMC et de finir miraculeusement par saisir le dernier et lointain bidoigt. Enfin un 8 en pays Vertaco, avec une colo et de plus de 3 mouvements. Sans une seule prise à arquer et où il ne faut penser qu’à fermer le bras, encore, longtemps, et jusqu’en haut, sans jamais se soucier des poser les pieds. En redescendant, je restais sur un sentiment bizarre, un goût d’inachevé. En fait depuis le début de nos déboires dans cette falaise, mon regard restait irrésistiblement attiré par cet énorme trou béant, cette bouche ouverte suspendue et parcourue par une ligne de spits peu parcourue, au nom évocateur, Baptême de l’air, 7c. Sans savoir pourquoi, je m’élançai dans le départ commun avec Obelix, le 7c de toute une vie pour Yves. Je bifurquai ensuite sur la droite via une traversée aux mouvements dynamiques à subtilement contrôler pour ne pas partir en porte. Je m’enfonçai alors dans le trou, clippant de vielles sangles pendouillant dans le fond. C’est lorsque que je dus commencer à me retourner, à faire de grands écarts entre les deux cotés et à légèrement redescendre que je compris enfin pourquoi j’avais été appelé de la sorte. Un air de DJ, de la grande arche, lorsqu’il faut franchir la lèvre de l’arche, celle qui redescend derrière le dos et qu’on ne sait jamais comment appréhender. Pour finir par balancer les pieds de l’autre coté, tout seul là haut, loin du regard de l’assureur. C’était donc ça, l’appel de Lacuvette, de cette singularité de laquelle le cuvettard n’arrive pas à se défaire… Un peu comme Lol, qui fit le déplacement au pays de dévers à colo pour le défilé automne hiver 2009 de la collection Lacuvette mais aussi pour taper des essais dans la seule voie en dalle où il faut arquer, le 8a+ redoutable de 25’’52. Il n’y eut que Martin pour faire illusion dans Trapèze, 8a au prix de zippettes à répétition…vu le cagnard, il fallait s’en douter…Yves et Bertrand, eux n’ont pas réussit à s’extraire du fond du trou et sont restés à Voreppe. Trop impressionnés par le 7b de confession, la ligne parfaite fendant la lame déversant du secteur de droite, ils ont finalement concentré leurs essais sur une des plus belles lignes en dalle de l’univers, le fameux arc de cercle de la courgette, 7b. Rien que d’en parler, j’en ai l’eau à la bouche…car il faudra bien faire aussi bien que Schnappi et cochant le 8a le plus court de Lacuvette, la premiere longueur de Fading light ainsi que le seul 7c au monde en toit… qui se fait sans les mains…juste en coinçant les jambes jusqu’à la cuisse, la mythique Ampoule du jardinier…le tout avant d’aller fouler la plus belle colonne de la planète, à coté de laquelle le dinosaure de Seynes passe pour une bouse, la 2eme longueur de Fading Light, 8a !!
Pourvu que ca dure, j’espère que toute la vie sera pareil à ce matin, aux couleurs de l’été indien…ah mais c’est quoi cette voix bizarre chaude et grave que j’ai ce soir...enfin un signe de la puberté ?