Bien sur, moquez vous et pourquoi est-ce que Tata ne
pourrait pas elle aussi sombrer dans la naïveté et la mièvrerie pré-pubères pour aller noyer son chagrin dans une bassine d’eau de rose. Bon ok, c’est vrai qu’à l’heure des Tinder et autres Jacky et
Michelle, y’a bien plus direct quand on en a marre de se la remettre derrière
l’oreille…Cela dit, c’est vrai, ca commençait à manquer. Nostalgie des temps
anciens, de cette période de l’année il fallait savoir s’armer de courage et
d’une dose certaine d’inconscience optimiste pour aller braver l’hiver, la neige
et le froid polaire pour se sortir de la couette et se trainer sur un bout de
caillou (et non l’inverse). A l’époque, point de bonnet coloré torse poil sur
colo au soleil de lointaines contrées du sud pour faire la une de RedBull TV,
mais plutôt une dose de ruses Inuits pour aller se tranformer en mister freeze,
avec pour unique gloire, la risée du voisinage, atterré par tant de bêtise
humaine.
Il aura donc fallu attendre mi Janvier pour un semblant de sélection
naturelle, ne laissant de chance de survie qu’au seul individu de l’espèce
grimpistique au sang chaud, le fameux cuvettard. Bien moins de monde que sous
le soleil de Lans d’il y à à une semaine. Sous une neige abondante,
direction la grotte de Voreppe. A part
Steph, sa doudoune et son Damart, peu de
monde pour se la raconter au pied des voies. Comme à l’accoutumée, les
conditions sont idéales. Par -5°C, plus de zipettes sur le prises de pied gluantes
de Made in USA, le sublime 6b+ d’échauf en fissure.
Pas de le temps de choper
l’onglée dans le très court 7b du Petit
rond, ni dans les serrages de boulasses et la scarifications de cuisse droite sur
concrétion, dans le sur-majeur et que le monde entier nous envie 8a de 3m de
haut qu’est Fading Light L1, joyau de boules et bites…
A noter qu’en enchainant
avec L2 et sa colo XXL, on a un hymne à la variété et à la polyvalence qu’on ne
doit trouver nulle part ailleurs
La résine…ca aussi, ca fait un bail que je n’y avais pas retouché.
Certes, pas celle aux vertus médicinales nécessaires à l’inspiration de ces
chroniques imaginaires mais bien celle qui jadis faisait notre bonheur sous la
pluie ou la neige, vissée avec amour par notre Glaude national visionnaire de son époque sous
les grands toits lisses de Comboire.
Quelques décennies plus tard d’étranges hurluberlus eurent
l’idée d’en visser sur le 4 murs d’une grande pièce et d’en faire payer
l’entrée…et me voilà au Labo, haut lieux mythique du bloc en salle. Alors que
Tata peut en toute modestie se targuer d’être la star de falaises comme Voreppe
ou le mur de l’angoisse, autant dire qu’ici, elle passait complètement
inapercue. Intrigué, je pris le temps d’observer cette faune étrange venue en
masse peupler ce lieux exigu…. Ici on prend de l’élan sur le tapis pour sauter
sur les prises, on jette à l’horizontale voir en redescente, on grimpe les pieds
au dessus de la tête, on compresse et on tate de gros volumes aux formes
explicites et aux couleurs flashy…
Ah, mais c’est donc ici qu’on s’entraine pour
Ninja warrior et Incroyable talent…c’est fou ce que t’es vieux jeu Tata…Mais
pas de problème Tata s’adapte. Un vautrage plat dos en ratant le dernier bac,
une roulade arrière carpée sur le tapis ou une triple vrille (1080°pour le initié) dans le sus cité jeté à l’horizontale, le pied coincé sur le volume…mais
vu le regard des autochtones, je crains être encore un poil trop avant
gardiste….
Bref, ceci étant, la séance me mit les avant bras bien au
carré et la hauteur des blocs allait parfaitement me préparer à aller explorer
la Cimaiette. Oubliés les jeunot golgoths épilés et les midinette en top fluo
du Labo, ici place à de la vrai guenille à la calvitie avancée que sont la
Brioch, le seul être vivant qui porte encore des chaussettes de tennis a
rayures jusqu’à même dans ces chaussons, Steph le seul être vivant qui garde le
sourire même après ¾ d’heure de bartasse
dans 50cm de neige pour trouver l’accès du bas au site et le massif Beud, aussi
naif que Ned Stark qui se fait décapiter avant la fin de la premiere
saison…j’ai douté de la sincérité des ses potes quand je le vis débarquer avec
sa corde de 80m, ses 25 degaines et ses genouillères…. Petit site confidentiel du siècle dernier
remis au gout du jour il y quelques années par le redoutable chasseur de
croutes et de croix qu’est Quentin Chastagnier. Un caillou dans le plus pur
style épuré de lacuvette : colo qui sert rien et qu’on arque bien fort sur
les bords, dans le départ du superbe 7c d’Empty space, bien physique… je suis
sorti bien essoufflé apres le dernier blocage…et ben oué, c’est que ca doit
bien faire ses 10m de développé tout de même !
Encore plus improbable et tout autant inoubliable, Faites
vos jeux, le 7b+ tout à droite, mois raide et moins haut avec ses 3 spits
relais compris et pourtant encore un grande voie par l’intensité du serrage de
ses 2 croutes verticales et de son mono qui déchire et par la subtilité du
ballet de pied nécessaire pour se bouger le c** dans une dalle lisse comme…un
c** justement
La voie typique pour guenille qu’est Volem Fumar el Pet, 7b+, qui s’est vu prise d’assaut par la Brioch et sa grosse…rallonge, dans son pas de
bloc final…
si tant est qu’au bout de 2m de marche d’approche on puisse parler
de « final », pour sortir en
rampant dans la neige et les buis. 4 beaux essais pour tomber au tout dernier
mouv, sous le regard médusé du Beud, notre loyal king of the north, qui torche
la belle sans coup férir et avec respect force et honneur, au 1er
essai.
Bon allez, sur ce, c’est pas que vous aller me manquer, mais faut plus tarder pour en profiter, d'ici demain il parait que l'hiver est fini....