samedi 8 novembre 2008

This is the end

Ce devait être l’une des dernières pensées de ce pauvre Jim, un soir de déprime de l’an 71, peu avant qu’il ne résigne à refermer les portes de son existence. "Toutes les bonnes choses ont une fin". S’il y a bien une expression que je trouve absurde, c’est bien celle là. Elle me rappelle à la fois les propos sadiques d’une vieille prof aigrie en blouse blanche et ceux d’un sergent chef complexé pour qui l’armée s’était révélé son unique raison d’exister. Cette prof de philo m’aurait fait remarquer mon récurant manque d’analyse et m’aurait rétorqué qu'à force de plaisir, l’habitude pourrait faire qu’il n’en soit plus un, l’être humain ayant pour moteur de n’être jamais satisfait…mais ma faible d’assiduité à ses cours, dictée par les justes priorités d’un calcul de rentabilité de coefficient et de nombre de points pour la note finale du bac, m’a épargné ces inepties.
Serait-ce à dire que toutes les mauvaises choses, elles, n’auraient jamais de fin ? Visiblement non, pour le grand bonheur de notre oncle Sam et de sa grande famille qui ont enfin pu cette semaine, se débarrasser de leur vieille et sans avenir baraque à frittes sentant l’huile recyclée, pour emménager dans une toute nouvelle et porteuse d’espoir Barack colorée. Que dieu les blesse...
Pour Autoire hélas, la saison, touche à sa fin, victime d’un hiver trop précoce et capricieux. Avant la fermeture annuelle, un dernier signe de vie fut à mettre sur le compte d’une initiative heureuse du club actif local : un "clean-up day". Un exemple à suivre, ici et ailleurs, même s’il revient à sonner le glas de la ‘’free’’ grimpe, la grimpe en toute liberté. Celle qui nous autorisait à chier au pied des voies, à laisser l’herbe repousser ou à dessiner de jolis motifs aux allures de traits de cake dans des voies que, une fois enchainée, nous ne referions jamais. A la limite, on aurait même du les déséquiper, récupérant les spits pour que la communauté puisse se bouger et nous en ouvrir plein de nouvelles. Pour se rassurer, on peut se dire qu’il nous restera tout de même la liberté de pourrir ces équipeurs qui placent mal leurs points, trop loin, dans des pas morpho, et en plus, sans brosser ni marquer les prises.
L’épopée de Rioup allait elle aussi connaitre une parenthèse obligée. Non pas par désaffection des nouveaux aficionados, puisque je peux me vanter d’avoir converti au moins 4 cuvettards pourtant réputés irréductibles. A tel point que l’un d’entre eux, dont je tairai le nom et flouterai le visage, pour préserver l’intégrité de son mariage, se réveille régulièrement la nuit en hurlant "Rioupéroux…je t'aime, je te veux ! ".
Sa femme trouvait déjà lourdes ses nouvelles allusions glissées au fil de leurs diners en tête à tête, des "le bloc, c’est la vraie vie", "Rioupéroux, tu m'as révelé", ou le redoutable "demain midi... je dois aller grimper"…Et cette même folie gagnait même les enfants, réclamant leur highball de la semaine.
La culpabilité commençait à me ronger, mais ce fut surtout de la réaction inattendue de mon doigt que vint la trêve. Le pauvre, déjà anormalement proportionné, a doublé de volume, signe irréfutable de l’intensité du bourrinage sur des pauvres blocs de quelques mètres de haut, par rapport à celle, plus tranquille, des longues voies de conti.
Nous voilà donc de nouveau contraint de nous farcir ce gros sac qui détruit le dos, ces longues marches d’approche, et ces mouvements encombrés de matériels divers et variés… pour limiter le trouble, direction Ludo’s Beach, pour des voies courtes et intenses, et grimpables sans devoir serrer les prises… comme dans Sept AC, 7b+ de 5 mouvements, que GrandLudo, transcendé par l’étrange ressemblance avec certains blocs, faillit tout simplement flashé …le manque d’habitude ayant fait qu’il s’emmêla la main dans la dégaine en jetant sur la dernière prise…. Ce retour en territoire falaiseux, ne pouvait se faire sans convier Yves, notre grimpeur à la carte vermeil, qui prit par l’émulation ambiante randonna avec Jean-Yves les gouttes superbement sculptées de Vent d’orage, 7a.
Tout ayant une fin, l’inflammation de mon doigt s’en est finalement allé, signe qu’encore une fois, une bonne séance entre cuvettards, suffit à effacer bien des maux…

10 commentaires:

Anonyme a dit…

et puis, avoir un doigt abimé c'est le signe que tu rentres (enfin) dans la confrérie des bourrins de base, et ça, c'est un honneur que peu de grimpeurs connaissent....ouarf! pov doigt! françois

Anonyme a dit…

j'applique tes conseils à la lettre...pas un seul jour d'arret...

LaLa a dit…

GrangLudo c koi ce nom que tu me donne maintenant !!
PS : pour la dégaine je l'ai même pas eue.....
enfin l'essentiel est là je l'ai quand même fait !!!

Anonyme a dit…

j'te disais que le doigt avait triplé de volume, maintenant y couvre 3 touches du clavier !!
Bonne grimpe demain...veinards...

Anonyme a dit…

tu vas faire des fausses notes avec ton doigt, repose toi en ecoutant les portes grincer!! this is the end... françois

françois l'franc-comtois a dit…

alors, le 11 novembre? tu es allé au monument? françois

Anonyme a dit…

Le devoir de memoire, jeune homme! n'oublie pas que tu nous dois la liberté de grimper plutot que de devoir te cacher dans des tranchées boueuses et nauséabondes

françois l'franc-comtois a dit…

il est vrai que je prefere la magnesie, les traits, les prises taillées, les cannes, la frime, les branleurs, les cotations.... aux shrapnels, bombardements, gazage, "nettoyage des tranchées", combats à la baionette, entonnoirs,trembleurs et autres gueules cassées....

Anonyme a dit…

et voila 20h20 et rien...je vais encore passer une mauvaise nuit
iaki

Anonyme a dit…

Désolé, je suis captivé et pris de compassion en regardant Zone interdite sur la dure vie des profs...je comprends qu'à 20h20 tu te couches déjà...