dimanche 12 décembre 2010

Retour vers le futur

Un peu comme si l’histoire n’était faite que pour se répéter. Chaque génération finissant par redécouvrir ce que les plus anciens savaient déjà depuis longtemps. Seule la façade change, intégrant les miracles futiles de nos technologies modernes et se conformant aux codes d'une mode qui finira par tomber dans l’oubli.
Il suffit de passer outre les chaussons qui montent jusqu’à la cheville, les Pierre Alain reliés par une cordelette nouée et surtout la coiffure casque blindé à la Sue Ellen, pour s’apercevoir qu’il y plus de 25 ans, l’esprit LaCuvette était déjà bien la.
Les pieds bien à plat sur des adhérences furtives, un caillou ultra compact et surtout une belle rallonge confectionnée avec amour, faite d’un vieux bout de corde de l’époque. Dans l’esprit, tout était déjà là, du pur spirit LaCuvette, que j'ai retrouvé avec bonheur sur le nouveau site d’Hervé. Un joli souvenir d’un des monuments de la grimpe locale, Les chaleurs de Corinne superbe 7a bien dalleux de St Egrève.
Et fouillant parmi d’autres vieilleries, je tombai sur une carte postale de notre vallée. Le point de vue m’était familier.
Ce ne pouvait être pris que depuis la même vire que celle que l’on arpente si souvent les samedi matins. Les anciens venaient déjà ici, pour méditer, pour se ressourcer devant le spectacle féérique du paysage cuvettard qui s’éveille un matin d’hiver. Quelques décennie d’urbanisation plus tard, les cheminées à fabrique de nuage gris en plus et nous voilà à notre tour au même endroit, contemplant l’horizon pour y laisser s’y perdre nos pensées.
Et ce n’est pas 30 cm de neige légère qui nous empêcha avec Eric de perpétuer la tradition. Et la rumeur avait gagné visiblement tout le pays. Les conteurs en ayant fait leur affaire. C’est presque sans surprise que malgré cet épais manteau blanc et ces chandelles glacées pendouillant de la falaise, qu’au détour d’un secteur, nous croisions une autre cordée. Me dévisageant à travers ma cagoule, ma doudoune à capuche et mon bonnet couvrant le tout, j’entendis mon nom dans la bouche de ces étrangers. En fait une vielle connaissance, perdue de vue depuis près de 20 ans, depuis ma fuite des verts pâturages de Normandie. Je reconnus alors instantanément Axel B, celui qui m’avait sauvé de suicide, dans cette contrée hostile à toute forme de soleil et de grimpe. Celui par qui vint mon salut en me faisant découvrir l’unique falaise à plus de 100km à la ronde : LaRoque. C’est à cette époque que je compris que le mouvement le plus pur de l’escalade ne pouvait-être que le bourrinage de face, sur mono, pieds à plat, et dans un gros bombé blanc protégé par de vieux ancrages enfoncés à la main dans ce mauvais rocher crayeux.
Style singulier d’où jaillit quasi spontanément un maitre redoutable du style : Lol, fort justement dénommé la haut, LaRoque Star, par les quelques survivants à son passage. Star qui fut aperçu récemment un peu plus bas sur la vire avec Dexter Martin, serial croiteur en grande forme. Les deux sont venus parfaire leur culture de la vire avec la ligne très esthétique d’envoyez les violons prolongé, 7c+. Une superbe proue bien résistante qui mériterait bien plus de visites. Et comme il faut tout faire et même les bouses, rien de tel que de contraster la séance avec cette belle réussite et une belle rouste dans l’espèce de 7a de 3m qui ne ressemble à rien de droite : No work, better climb. Nommé ainsi en hommage a Schnappi…non pas pour le coté bouse, mais en souvenir de sa période faste ou tombèrent les 8b, en bien plus grande abondance que les Euros d'un salaire….
Le soleil pointa son nez, les bonnes conditions et surtout son croisement génétique secret avec une espèce disparue d’albatros géant permirent à Eric de confortablement randonner la croix de fer du crux final de A prendre ou à lêcher, pour son baptème octograde sur la vire d’Espace Comboire. Après cette douce entrée en matière vint le moment de s’attaquer à un vrai mythe, Sidi’H Bibi, 8a. Et même en appelant à la rescousse un Nico dopé au gainage extra-terrestre, le mythe resta hors d’atteinte, malgré de remarquables plombs aux endroits spécialement étudiés pour.
Surement les mêmes que du se mettre, du temps ou le fluo se portait moulant, un certain D.Raboutou, laissant parait-il son mousqueton pour un des buts les plus mémorables de l'histoire de la vire, cette voie n'étant alors cotée que 7c+…
Comme quoi, toujours les même expériences, toujours les mêmes conclusions, générations après générations….

11 commentaires:

Anonyme a dit…

Entendre parler de la Roque cela réchauffe le coeur. On a remis le chantier hivernal aux Lames et tu es invité à venir pratiquer la grimpe sans prise (encore plus pure que les mono pieds à plat). A bientôt,
Lol

MaitreYush a dit…

Chantier hivernal riment aussi avec Voreppe !!
Mais faudra bien retourner dans amour, taillée ou loin des foules...

Tata LaCuvette a dit…

Ah et j'allais oublié, mais notre visiteur LaRoquien nous a longuement parlé de toi...

Nico a dit…

Ahhh La Mira, une voie d'anthologie comme toutes les autres horreurs des Spéléologues.

MaitreYush a dit…

Que de fins connaisseurs....comme quoi, les grands esprits finissent toujours par se rencontrer !!!!

Nico a dit…

Et oui j'y ai traîné mes chaussons quelques fois et j'ai toujours un projet avec la très belle Trivellini!!

Anonyme a dit…

la roque, ça donne envie, tout ce que j'aime! mono, devers, une nana qui assure, des points qui petent.... le pied total!! on y va quand?? françois franc-comtois

MaitreYush a dit…

Et parce que sidi'h bibi ça te fait pas envie peut-être !!!
Oh l'autre comme y se la pète parce qu'il a plié la voie dans la séance y'a plus de 15 ans
C'est là qu'on voit qu'il est vraiment mutant...

Anonyme a dit…

Même s'il mue tant,il nait pas si jeune.
Bon....pardon..
Salut à vous dynosaures d'aires glaciaires verticales!
michel

Anonyme a dit…

Rhaa nostalgie quand tu nous tiens...
Allez encore une petite couche:
http://img339.imageshack.us/i/christophelaroque.jpg/
à la couleur de l'herbe, vous reconnaitrez la Normandie.
Mais c'est t'y qui avec son sac à corde avant-gardiste ??!!

Axel B

MaitreYush a dit…

Ahh oui, si jeune et déjà le lacuvette touch dans le détail du sac à corde...

Ca m'a fait bien plaisir de te recroiser, qui plus est par hasard et sous la neige, à espace comboire...totalement improbable !!
Au fait, qu'as tu essayé ???

Si t'as d'autres photos d'époque, vas-y, balance !!!! Je suis sur que ça fera plaisir à lol de te savoir toujours accro aux falaises majeures !!!

Et fais moi signe quand tu repasses par là...