Ce devait être la rançon du succès, mais ça ne m’empêcha pas d’être surpris à l’ouverture de l’enveloppe. Et puis en y réfléchissant, pourquoi ne partager quelques unes de mes expériences. "Cher Monsieur, comme chaque année nous organisons un sommet international sur la place du Sumo dans le monde. Cette année une des thématiques tentera de répondre à une question essentielle : le sumo peut-il être un grimpeur comme les autres ?....". Je passe les autres détails et les formules de politesse. Ma curiosité malsaine et mon attirance déviante pour tout ce qui semble incongru m’avait poussé à accepter.
Bref, je roulais un direction du lieu dit Moulin de Cougnaguet.
J’avais pris soin de faire quelques recherches sur le net pour en savoir plus sur cette dénomination si poétique. Mais je voyais déjà ce qui avait poussé les organisateurs. Une subtile petite pique comme pour dire que grimpe pour aussi rimer avec culture, histoire ou art, et pas uniquement avec décharge, zone commerciale ou autoroute périurbaine. Je sentis un frisson me parcourir le dos, ils semblaient savoir comment toucher une de mes cordes sensibles. Mon esprit souriait à l’idée de relever un tel défi. J’appuyai sur l’accélérateur et finis par arriver au lieu dit. Pas de surprise, il était tel que je l’imaginais. Un parking minuscule au milieu de nulle part, un cadre digne des plus beaux épisodes de la petite maison dans la prairie, une falaise à portée de main, et à peine à plus de 50m de la voiture, un caillou tout neuf avec des plaquettes dorées, scintillantes au soleil.Orné de mon plus bel apparat, je suivais l’ordre des ateliers, prêt à intervenir et surtout à faire démonstration des aptitudes insoupçonnées du Sumo dans ce monde qui lui est pourtant si hostile. La première table ronde posait la question récurrente : le sumo est-il un être doté d’intelligence ?. En guise de démonstration on m’avait préparé une dalle grise d’une trentaine de mètres, nommée Le tueur tournesol. Un rocher parfaitement compact, truffés de trous tous plus mauvais les uns que les autres. Un profil non sans rappeler certains murs des Lames, ce que personne n’avait du savoir ici. Je partais donc confiant, encouragé par des assureurs aux paroles rassurantes. "Ouais tu peux la faire, mais que si ca te fait rien de la rater à vue", "Euh, fais gaffe, les points sont mis n’importe comment, la voie passe jamais dans l’axe", "en plus, c’est jamais fait, tu verras aucune trace de cake ni de gomme" et enfin "fais la manip en haut, j’irai pas récupérer les paires, j’ai jamais réussi à enchainer ce p*t*in de 7a+". En pleine connaissance de cause, je parvins au crux, prenant soi de repérer 3 maigres prises de pied qu’il serait aisé de charger, vu la puissance de mes cuisses surdimensionnées. Avec un peu de chance, je travaillai quelques non prises alvéolées en inverse, pour parvenir au bac final et clipper la chaine. J’attendis un silence atteindre la foule, prenant subitement conscience de l’irrationalité de leur vision.
Fort de ce premier succès, je rejoignis le second thème : le sumo peut-il tenir des croutes ? Avant de commencer, j’avais envie de rajouter "et de les bloquer au genou avant de jeter sur le bac suivant", mais je me retins, de peur de vexer les organisateurs. Cette fois ci se dressait devant moi une petite baume déversante, plutôt pauvre en prises, suivie d’une dalle fissurée qui, je le savais ne serait qu’une histoire de placements, comme j’en avait déjà fait des milliers. Sniper 7c, un nom à se faire descendre au premier pas de bloc violent, et très à doigts. Quelques mauvaises règles pour atteindre 2 mauvais bi verticaux. Mes gros doigts boudinés les saisir dans l’élan, en tendu, dans la zone la plus renversée de la baume. A la limite de la rupture, j’entamai un rapide montée de pied à l’arrach, et jetai sur une rampe verticale. 2 gros talons plus tard, pour parvenir à faire les derniers gros blocages, j’avais atteint le repos. Ne restait plus que la dalle du haut, qui s’avéra aussi technique que prévue…Le sourire aux lèvres, j’étais miraculeusement parvenu au relais, sous les yeux ébahis de la foule. Je fermai les yeux, comme pour secrètement remercier Oliv et sa méthode d'entrainement révolutionnaire... Et à vue s’il vous plait, un vrai à vue, avec plein de petits points blancs préalablement placés sur les prises clés par un Mimichouchou dévoué, qui en plus de m’avoir laissé ses paires en place m’indiquait les pièges à éviter.
J’aurai du m’en douter, mais ca ne pouvait pas durer indéfiniment. Un des prochains thèmes aller finir par m’être fatal. Eclats multiples, 7b+ court, avec ces espèces de tris mal finis au perfo, de ceux typiques d’une salle de résine, avec lesquels il faut fermer le bras.
Le summum allait finir par arriver. En fin de séance, on m’obligea à me plier au supplice de la rési, dans la mort du nombre, un 7c étalon…
La démonstration fut sans contestation possible. Le sumo n’en demeure finalement qu’un homme comme les autres, avec ses forces et surtout ses faiblesses. La vie lui semble possible, même dans un milieu aussi hostile que celui des humains. Il peut parfaitement s'adapter et feindre les mêmes sentiments, prendre les mêmes habitudes. C’est sur ce constat édifiant qu’une des plus grandes sommités locales, une élite de la société des érudits brivistes, au même titre que Patrick Sebastien, Mimichouchou me remit l’une des plus hautes distinctions internationales, le 1er prix sumo toutes catégories Sumo.
5 commentaires:
belle photo du moulin , tu aurai pu la pendre toi-meme .
merci de souligner la flagrante photogénie du sumo...
hé bé mon yush, j'espere surtout que cette magnifique coupe sera sur ton étagere, entre ta reproduction au 1-10eme de Dark Vador, et ta bible illustrée usée jusqu'à la corde offerte par père Albert lui-même... françois Lotois
Qu'ils sont beaux les
"go!"
les gogos,l'égo du sue mots!
Sayonara,"Zéro" tombeur de croix,tu as tout "atomisé".
A bientot te revoir et te relire.
mais oui meme autour de la cuvette tu as ta place.........
vivement que tu te mette vraiment a grimper maintenantque t'es chaud pour du 7c a vue !!!
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