Bref, j’aurais préféré que mon problème de batterie arrive le 24. Cela m’aurait épargné une morne journée au boulot. Pour la première fois je dus allumer la lumière en arrivant et l’éteindre en partant. J’étais seul sur cet immense plateau paysager, lui qui était pourtant censé développer la communication, la circulation d’idées novatrices et renforcer l’esprit d’équipe. Il y avait presque quelque chose de surnaturel, d’incongru…un peu comme ces samedis matins où la raison devrait nous pousser à rester au chaud sous la couette au lieu de se soumettre à une folie cuvettarde nous menant droit à la surgélation, au pied d’une falaise. Je ressentis de nouveau ce délicieux sentiment d’anormalité lorsque je me retrouvai à la machine à café. Alors que d’accoutumée je passe plus d’une heure en serrage de mains, en bises et en vaines discussions sur la météo, le cours de la bourse, l’épidémie de grippe A ou encore la vie de famille de ceux que mon voisin de bureau définit si justement comme de simples relations de travail, imposées par notre hiérarchie.
Un problème de batterie donc, quelques coup de clé dans le contact, un semblant de vrombissement toussoteux et finalement plus rien. Heureusement, ce ne fut pas au moment de rejoindre les cuvettards à Voreppe. Mais j’ai échappé de peu à la lapidation car on a failli louper notre rendez vous avec le père Noël. Le vrai bien sur, pas celui qu’on voit partout dans toutes les grandes surfaces. J’en suis sur, ce sont mes enfants qui me l’ont affirmé.
Un coup de froid, un peu d’humidité et voilà le moteur qui cale. J’eus la même impression en observant une foule de cuvettards, tous venus taper des essais dans le cultissime Bouze maker 7c, de la grotte de Voreppe. Un moteur qui fait semblant de se lancer, puis qui s’éteint au bout de 4 mouvements, incapable de fournir la puissance nécessaire à fermer le bras pour passer le crux. On à beau observer les différences de styles, de couleurs, d’éthique, de carrures, de tenues… le résultat en bien toujours le même. On nous rabâche pourtant à longueur de temps que la mixité, le mélange et le brassage des genres resterait le meilleur moyen d’avancer…
Puisqu’on parle de bricolage, j’ai du sortir mes plus beaux outils, pour ma batterie mais surtout pour accéder au pied de Fading Light, le 8a de Voreppe.
Dire qu’ils sont si nombreux à parcourir le monde, même Schnappi serait en pleine quête du coté de Seynes…En plus de battre le record de l’empreinte carbone de l’écolo grimpeur, ils cherchent tous la plus belle colo du monde.
Mais aucun d’eux ne peut songer qu’elle se cache tout simplement ici, en pays cuvettard. Protégée, dans son écrin de verdure bordé par la zone industrielle et la route nationale, elle se cache au dessus de la petite grotte. Une véritable invitation à venir se laisser dévorer par cette immense mono colonne qui offre 30m de conti, à se frotter sensuellement contre elle, à la serrer avec fougue entre les cuisses et à repter langoureusement le long du sa peau si lisse et si douce.
Voreppe. Cette falaise regorge de merveilles, qui se laissent découvrir pour peu qu’on décide de se laisser apprivoiser…pour y grimper….autrement. Ptit rond, un simple 7b, dont l’histoire est étrange…équipé puis déséquipé, puis rééquipé puis de nouveau déséquipé, et enfin de nouveau rééquipé par Sunny. L’une des rares voies de LaCuvette dont le relais se clippe à la perche. A peine 10 mouv bien péchus. Juste de quoi donner de fil à retordre à Jean-Yves, Luca, Ludo et Sylvain…sous le regard complice de l’œil de LaCuvette…
Bonne année à tous, que 2010 permettent à tous les cuvettards de (re)découvrir les joyaux cachés de nos falaises, mais sans trop en ébruiter l’existence, juste pour que l’on puisse y couler encore de nombreux jours paisibles et heureux…
Autres lieux mais toujours une parfaite dalle grise avec Iaki qui revient aux sources de Saint Sulpice, dans Le maître décolle, élève la voie, un superbe 8a que l’on doit au grand monsieur FT.
La base, c’est surtout de ne plus se poser de question, de suivre l’instinct primitif de l’espèce cuvettarde, celui là même qui nous sort du lit ces matins d’hiver gris et froids, juste pour le plaisir de se choper une onglée dans une de ces voies mythiques dont la simple évocation du nom suffit déjà à nourrir nos fantasmes…Comme la Foué famely’s qui rêva de trous et de monos, et qui le lendemain matin au réveil fit 500km pour se poser au pied des murs blancs du Saussois. 
Quelques instants plus tard, le sourire aux lèvres et le devoir accompli, les brothers clippaient le dernier point d’un monument de l’histoire de la grimpe, Chimpanzodrome, 7c+.
Le privilège de l’âge nous conduit à moins de scrupules et moins d’idéalisme. Un peu comme ce bleu qui savait bien qu’il serait plus habile pour pousser la balle au fond du filet avec sa main plutôt qu’avec son pied. Direction Tinadalle encore. Pas de marche d’approche, horizon bucolique et confort au pied des voies. Oliv ne sut plus sur quel pied danser, ni lequel poser d’ailleur dans ce lieu qui sera surement celui de ses futurs exploits.