Souvent associé à ''brrrrrr, clac, clac, clac, clac''. Et pourtant…Froid ? Moi ? Jamais ! Comme nous l’assènent d’éminents climatologues et comme l’affirmait une jolie réclame que ne dira surement rien aux plus jeunes des lecteurs, si tant est qu’il en existe.
Cela faisait plusieurs jours que je cherchais en vain le thème du premier post LaCuvette de l’année. J’hésitai entre les 10 plus ridicules manières de souhaiter la bonne année, les meilleurs conseils pour se taper l’incruste dans une réunion au boulot pour piquer la plus grosse part de galette de rois en grugeant la fève et ainsi justifier de se resservir une seconde fois, ou encore comment s’occuper sur l’Autoroute, avec 30cm de neige tombés dans la nuit, qu’un seul et unique pauvre cantonnier s’évertue à déblayer, armé d’une simple pelle et d'un balai…mais bon, avec un tarif du kilomètre si bon marché, il faut savoir être indulgent. Et puis, en divaguant sur le web, je trouvai enfin l’inspiration. Le plagié serait donc
ces amateurs de choucroutes qui ont prodigué leurs conseils pour grimper par grand froid.

Le sujet étant de circonstance, et surtout, vu son expérience en la matière, mondialement reconnue, LaCuvette se devait de distiller à son tour quelques trucs et astuces complémentaires pour grimper au fin fond d’un congélateur. Nos alsaciens nous ont suggéré quelques techniques
''qui leur ont permis de grimper et d'enchaîner des voies dans le 8 alors qu'il faisait entre zéro et 5°C''. Mais il est bon de noter qu’en notre plat pays, à 5° c’est déjà l’été, et que l’on tombe le baudard pour plonger dans l’eau d’un lac de montagne. Nous parlerons plutôt ici de températures bien en déça du 0°, jusqu'à -10°, proche du record d’il y a 15 jours avec
Sylvain et
Jean-Yves.

Par de telles températures, nous grimpons et enchainons des voies dans le 7, soit strictement sans aucune différence par rapport aux autres périodes de l’année. Soit une performance nettement plus méritante….mais là n’est pas la question.

Reprenons donc un à un ces conseils pour saucisses de Strasbourg, que l’on agrémentera d’un peu de gratin dauphinois, histoire que ca tienne encore mieux au corps. C’est ce que je donne à mes enfants : patates saucisses, rien de tel pour s’assurer la tranquillité lors de la longue sieste pour digérer derrière.
''- Vous habiller chaudement, sans oublier les gants, écharpe, bonnet, une bonne paire de chaussettes (voire une deuxième si la marche d'approche s'effectue dans la neige)''
Mais tout ça n’est rien à coté du fameux…Damart, thermolactyl ! Il faut impérativement un caleçon long. Un qui crépite dans la nuit et qui hérisse tous les poils. Avec pieds intégrés bien sur. L’arme ultime étant de les recouvrir d'une paire de chaussettes mi cuisses (sauf pour
Ludo, vu sa taille elles ne lui arrivent que mi mollets) et si possible tricotées main par mémé.

Ensuite, fourrez le tout dans ce que les spécialistes appellent des moon boots. Elles présentent le double avantage d’avoir des raquettes intégrées (contre l’enfoncement dans la neige) et leur empreinte, parfaitement ronde, permet de passer incognito, imitant à la perfection les traces du passage d’un troupeau d’éléphants sauvages. Attention, il est indispensable d’avoir pensé à faire petite et grosse commissions avant d’enfiler l’attirail complet, sous peine de devoir se retenir pendant toute la séance. (en cas d’ennuis de prostate comme
Yves, les dégâts peuvent être considérables…)
''-Essayez plutôt des voies courtes ou offrant des repos vous permettant de vous réchauffer les mains. Privilégiez des voies que vous connaissez où vous pouvez grimper vite ; vous et votre assureur vous refroidiraient moins''
En fait peu importe la longueur, et puis on s’en fout de l’assureur. A chacun ses malheurs. Il y a deux principes à retenir. Le premier c’est de privilégier les voies avec des prises bien douloureuses. Autant profiter de l’anesthésie complète des doigts pour se les déchiqueter sur des règles tranchantes, se les lacérer dans des trous sanglants ou se les coincer dans d’atroces fissures. Le deuxième c’est de choisir des voies avec des platasses qu’on ne pensait jamais pouvoir tenir. Autant profiter du manque total de sensation et faire preuve d’une grande auto persuasion en se disant : ''aujourd’hui, ça tient (ca colle en langage d’initiés)''.
''-Privilégiez des voies au soleil et à l'abri du vent''
Le problème, c’est quand la cuvette est bouchée…ben soleil ou pas, de toute manière on ne le voit pas. Il reste cantonné au dessus de la mer de nuages. Ce qui compte, c’est de trouver les falaises avec des routes praticables le plus loin possible, pour éviter que l’approche se transforme en véritable randonnée.

A ce propos, quand il y a beaucoup de neige, pensez à emmener un cuvettard exité de la rando. Avec ses skis, il se fera un devoir de faire la trace dans les 40 cm de fraiche…encore merci à celui qui à fait celle de samedi à Comboire.

Ensuite, privilégiez plutôt les secteurs bien à l’ombre…parce qu’au soleil, la neige ca fond…et en plus du danger des avalanches, les coulées viendront tremper les prises que vous aviez si joliment entourées de traits de cake. De plus, en étant bien à l’ombre et bien au froid, les stalactites resteront solidement accrochées, évitant ainsi de transformer votre assureur en brochette géante.
''-Prenez une thermos de thé/café''
Cette version marche assez bien avec la gente féminine, surtout avec quelques petits gâteaux qu’on aura feint avoir fait soi-même. C’est l’occasion d’offrir un verre et de faire un brin de causette, les yeux dans les yeux, troublés par dans la chaude vapeur envoutante d’un thé aux plantes aphrodisiaques. A moins de certains penchants, il est préférable de porter au cuvettard, tel Mr Dusse, une bonne rasade de vin chaud. Quand en plus il est accompagné d’un tupperware de tartiflette encore tiède de la veille, le résultat est parfait.
''- Placez dès que vous le pouvez vos chaussons et votre sac à magnésie entre votre t-shirt et votre pull/polaire''
Là pareil, c’est marche bien pour un cuvettarde, bien propre sur elle. Mais l’on rêve tous d’en croiser une un jour. Pour le cuvettard, une odeur forte et caractéristique risque de contaminer pour toujours l’ensemble des vêtements du jour. On pourra ouvrir le tupperware précédemment cité histoire de faire diversion. Enfin, pour les plus courageux, avant d’enfiler vos chaussons, ouvrez-les en grand, puis les plaquer contre votre visage à la manière d’un masque à gaz. Expirez une dizaine de fois. Si vous êtes encore vivants, votre haleine toute chaude aura permis de réchauffer vos chaussons, et vos petits pieds douillets vous en seront éternellement reconnaissants.
''-Restez en mouvement quand vous ne grimpez pas (sautillez, bougez vos orteils)''
Ca, ça ne marche que pour les grands sportifs. Personnellement, je n’en ai jamais connu. J’ai déjà vu des grimpeurs étranges en train de s’agiter en bas, fixant maniaquement leur projet, en train de faire de gestes bizarres…mais jamais par grand froid…D’un autre coté, je dois avouer que par grand froid, je n’ai jamais vu personne d’autre que mes cuvettards adorés au pied d’une falaise.
''-Utilisez des tissus chaufferettes, à placer dans votre sac à magnésie, dans vos poches ou même directement sur des prises de repos''
C’est bien connu, l’endroit toujours le plus chaud, surement pour le bien de l’espèce, c’est dans le slip. De préférence son slip bien sûr, même si comme Schnappi, certains aimeraient que de temps en temps quelqu'un, ou plutôt quelqu’une, s’y invite…

Il peut cependant se poser un problème d’accès, du au fameux Damart. Mais sachez qu’il existe une très sympathique version kangourou, particulièrement bien adaptée.
''-Utilisez la méthode dite "du vigneron", pour vous réchauffer les doigts avant de faire un essai : faites claquer très fortement vos doigts sur votre dos, en effectuant un mouvement de bras très ample tel que montré sur la photo ci-dessous. Faites autant de répétions jusqu'à avoir les doigts brûlants''
En plus de cette excellente méthode, nous avons développé celle dite du ‘’Bruno-rond’’, que m’avait apprise
Bruno, un sombre jour de janvier, dans le brouillard d’Omblèze.

Alors qu’on pourrait penser à un effet secondaire du vin chaud, il s’agit fort heureusement de totalement autre chose. J’avais les deux pieds complètement rigidifiés pour le climat sibérien de l’époque. Ils étaient incapables d’épouser la moindre aspérité de ces belles dalles grises techniques de la falaise. 5 min avant de taper l’essai, Bruno quitta ses chaussettes, plongea ses pieds nus, fins et légers, dans un bon gros tas de neige. Il ferma ensuite les yeux, sans rien dire. Quelques grimaces plus tard, il enfila ses pieds fumants dans ses chaussons….et enchaina son projet. En descendant il me lança, à moi son jeune padawan, ''si onglée tu as, la choper avant l’essai mieux il sera''.

Un grand merci à nos Kougelhopf-iens pour leurs judicieux conseils. La seule chose que je rajouterai à cet excellent article, c’est que le plus important encore, c'est bien ce petit soleil qui s’allume au fond nos petits cœurs sensibles dès lors que l’on se retrouve au pied d’une de nos si belles falaises de LaCuvette, et ce, quelques soient les caprices de la météo !!