dimanche 27 septembre 2009

Légendes urbaines

C’était il y a maintenant de nombreuses années. Je n’étais alors qu’un étudiant lunetteux, boutonneux et libidineux parmi tant d’autres. Je débarquai en territoire inconnu, propulsé par une aussi brillante qu’inexplicable réussite scolaire, promis à un bel avenir, dans une ville dont je ne connaissais à peine le nom. Jamais je n’avais pensé avoir à passer la limite de l’extrême nord…du nord Isère…et pourtant…Après un long périple dans une grisaille humide de plus en plus présente et oppressante, j’arrivai enfin sur le Campus de Rouen, une simple valise à la main, dans laquelle j’avais tout de même pris soin de ranger une paire de chaussons. Entre deux averses, je remarquai immédiatement quelques bâtiments qui me permettraient de trouver un peu de réconfort et de chaleur dans cette contrée hostile : l’école de pharma, l’école d’infirmière et l’école de chimie…Malgré toute l’attention que je mettais à scruter l’horizon, cela faisait plusieurs centaines de kilomètres que je contemplai un paysage désespérément plat. Aucune trace de falaise, aucun signe d’existence du moindre bout de caillou, aucune vire suspendue pour me rappeler celle de la maison…le temps allait me paraître désespérément long. A peine mes affaires posées dans le minuscule cagibi qu’on m’avait décrit comme une charmante piaule, et que j’allai devoir partager à plusieurs, je zonais nonchalamment. J’avais l’œil vif et l’air avenant du parfait étudiant qui déambulait sans but dans les couloirs de la fac. A deux pas du gymnase, je remarquai très vite cette trace de poudre blanche, puis cette odeur caractéristique…de vieux eb moisis…il devait y avoir des grimpeurs dans le coin. Non pas des centaines, même pas dix, à peine une poignée : un groupe né de la volonté d’un gourou qu’ils vénéraient encore, alors qu’il les avait abandonnés il y avait plus de 2 ans. Ils l’appelaient Lol, il avait créé de toute pièce un petit club, faisant dont de son corps pour récolter des fonds pour pouvoir se procurer cordes et dégaines et payer les nombreux litres de pétrole nécessaires à la bonne heure de route qui nous séparait de la première falaise : La Roque, dans l’Eure, sur la paisible commune des Andelys… Un caillou fait de craie blanchatre et friable, plus lichéneux et encore moins adhérent que la pire des faces nord de Lacuvette. De gros bombés à trous, quelques silex branlants et un équipement quasi préhistorique. La légende veut que Lol, dans sa première année de grimpe n’eut enchainé que 2 voies, s’acharnant presque quotidiennement sur le superbe surplomb en 7b de L’enfer est à nos portes puis dans la mythique grotte du secteur Spéléo, le 8a de La Mira. Un pas de bloc au départ, pied gauche tendu au niveau des épaules pour rentrer le genou, s’enrouler autour de bras et saisir cette règle très très loin. La suite en toit, les pieds tantôt d’un coté tantôt de l’autre. Sur les traces de cet illustre prédécesseur, je réalisai rapidement l’Enfer ainsi que beaucoup d’autres classique de ce seul secteur grimpable, avant de m’épuiser en vain dans d’interminables séries d’essais dans La Mira.Puis vint mon tour de quitter ce pays lointain pour m’en revenir en pays Lacuvette. De cette époque je garde une épaule surdimensionnée par ce pas bloc physique et un amour insatiable pour tous ces type de trous (mais non… pas ceux des écoles de pharmas, d’infirmières et de chimie…), et spécialement ces monos, pieds à plat qu’il faut remonter bien haut…surement la préhension la plus pures (non… pas pour les écoles de pharmas…) de l’escalade.
Plus de 15 années plus tard, lors d’une paisible séance à Espace Comboire, je tombai nez à nez avec…Lol…en chair et en os. Après de beaux essais dans Sidi, 8a, fidèle à sa légende, je le vis s’acharner dans Pas si simple, 7b. De nombreuses tentatives, de la hargne, de la volonté….mais rien à faire...comme un air de déjà vu, presque une année qu’il s’acharne sur ce simple 7b...l’histoire se répète, avec ce départ ultra bloc et vicieux, qui a vu s’épuiser Martin, Ludo, Jean-Yves, Yves, Bruno, Oliv, Sylvain, Rémy…Et qui a donné des idées à Schnappi qui s’est mis en tête d’égaler le génial ouvreur en équipant un passage du même acabit, dans le même secteur. Ses yeux pétillants et son sourire de sadique en disent long sur le résultat…
Ils étaient tous là ce samedi matin, accourant sur les traces de Lol, ressentant son aura et cherchant le moindre signe de son récent passage. Je profitais de l’attroupement pour venir à bout d’Envoyez les violons prolongés, un challenge de rési en talons et baffes sur une proue particulièrement esthétique qui fleure bon les 7c+. Un test pour enfin pouvoir aller défier LA voie de rési d’Espace, Désirs exacerbés, premier 8a de la falaise, et ses 35 mouvs, tous plus durs les uns que les autres...jusqu'au dernier. Au petit jeu de celui qui tombera le plus haut, je conserve un léger avantage… malhonnête, puisque j’y ai déjà consacré quelques séances… sur les mutants de la force que sont Nico et Marc.
Jean-Yves et Ludo tentèrent de pénétrer dans la légende de la vire en enchainant leur première voie dans cet endroit mythique, nulle part et ailleurs, solide 7cmais la porte est restée encore une fois solidement fermée.
Dans un autre style, Raymon demeure une légende. En plus d’être le précurseur visionnaire du matos du futur (la perche !!), il le fut aussi pour la grimpe, depuis son plus jeune âge. Aucun caillou de Lacuvette ne peut se vanter de n’avoir jamais été un jour été foulé par cet énergumène toujours enthousiaste et motivé. La première fois que je lui parlais de Rioupéroux, il me rappela qu’en 1960, en partant de Grenoble en vélo, il s’y arrêtait sur la route des l’Oisans l’été pour parfaire son entrainement et ainsi partir confiant à l’assaut des sommets granitiques. Le rocher de l’âne ? C’est lui qui avait planté les premiers clous. La nouvelle falaise déversante de Cannib ? Le repère où il s’entrainait en artif avant d’aller se frotter aux grandes classiques du Gerbier. Le dernier spot à Tamée ? ‘’Ah ca non, je t’arrête tout de suite. Déjà à l’époque, passé Pont en Royans, on ne considérait plus ça comme de la vraie escalade…de la sympathique varappe à mains nues sur colo tout au plus…’’. Et pour son 64eme automne, il s’est encore offert l’une des premières répétitions d’une toute nouvelle ligne dans la paroi rouge à Presles…Bon anniv Raymon !
Et bon anniv Oliv. Toi aussi tu vas rentrer dans la légende…comme Lol, tu t’es promis d’enchainer une seule voie dans l’année…et ce sera un 8a…et cette fois, c’est moi qui aurait l’honneur de t’assurer pour partager cet instant magique

dimanche 20 septembre 2009

Démocratie

C’est toujours le même problème quand il s’agit de démocratie. Chacun revendique le droit à donner son avis, qui plus est, assurément irréfutable, et on en arrive toujours à un joyeux bordel. A vouloir satisfaire tout le monde, on finit tous par être frustré. A quoi bon instaurer un vote des plus démocratique, puisqu’au bout du compte, les intéressés se retrouvent idéalement répartis, 50% pour le mardi soir et 50% pour le jeudi soir. Que ce soit donc l’un ou l’autre, la moitié de la population se sentira rejetée, bafouée et non respectée. Ils menaceront alors de descendre dans les rues, de bloquer les routes et les dépôts d’essence à grand cris d’injustice et d’inégalité, aux détriments du reste de la population qui ignore tout de l’objet de la discorde. Tout ca sous les yeux amusés des parasites qui n’en ont rien à foutre, puisque quelques soit l’issue, eux, ils s’en mettront toujours plein la panse, grimpant quoi qu’il est soit déjà ces 2 satanés jours.
A ce propos, Emilie poursuit sa tournée initiatique, avec tarif réduit spécial ANPE, des falaises incontournables de Lacuvette. Cette fois ci, en primeur avant le début de saison, ce furent les Lames et ces murs coupés au couteau qui ont ému la belle. A commencer par la superbe entrée en matière que fut le 5sup de Mocamba, suivie des trous alvéolés de l’inévitable Sainte et Soph, 6b+ comme on aimerait en voir plus souvent, avec en prime de grands cris et un joli vol juste sous le relais, en cherchant en vain ce vicieux bac caché.
Alors que les votes semblaient annoncer une large victoire du jeudi, nous avions convenu de bloquer la soirée sur la vire d’Espace Comboire, celle du bas pour profiter au mieux des dernières lumières du jour. Avec les désistements de Jean-Yves, Sylvain, Oliv et Franck, qui pourtant avaient votés, nous étions bien seuls avec Ludo au pied de cette belle proue. Alors qu’il désespérait de trouver une solution au crux de Requiem 7c, je lui suggérai d’opter pour la méthode du gibbon : un gros jeté désaxé à l’horizontal dans le bac lointain, un bon balan avec les pieds en vrac, et une petite pensée pour l’épaule droite qui retiendra le tout. Malgré les classiques "non mais t’es complètement taré", "y’a que toi pour avoir des idées aussi débiles", "j’y arriverai jamais" et j’en passe…et bien…métamorphosé en gibbon d’1m95, c’est avec le sourire au coin des lèvres qui je vis mon Ludo tombé sur le bac, retenir le balan en recollant tout de suite les pieds avant de reprendre ses esprits pour serrer les croutes suivantes et ne plus tomber jusqu’au relais. Et puisque les idées saugrenues étaient de mise, je sortis les talons plus que de raison pour refaire envoyez les violons, la superbe proue en 7b+, et tenter la connexion avec le pas final, toujours sur la proue, d’envoyez les testarossas, le 7b+ juste au dessus à droite. Un joli morceau de rési pour une ligne qui aurait pu être la ligne originale, et pour laquelle l’on devra revenir.
Liberté de paroles et démocratie font bon ménage…ainsi Lacuvette à laisser plume libre à Yves pour conter la session de ce samedi, à laquelle je ne pus me joindre, à Crossey 3. Efficace, sobre et précise, comme l’on pouvait s’en douter…"Ce fut une journée laborieuse avec beaucoup d'effort, de bonne volonté mais peu de réussite. Jean Yves et Bruno se sont acharnés sur les réglettes de Rivage, 7c. Avec beaucoup de rage, Bertrand s’est évertué sur le grand 7b du début (Festina Lente) et moi sur Diamant cutter (le 7a+) ou je suis encore et toujours tombé au même endroit. Voila le bilan de la matinée". J’eus du mal à déchiffrer, mais il y avait, en caractère minuscules, une dernière phrase qu’il aurait souhaité de ne pas avoir à écrire : "PS: Ah oui, j'allais oublier, mais Bertrand a réussi par un miracle auquel personne n’arrive à croire, à enchainer Diamant cutter....mais bon, y’avait tout en place, ça ne compte pas vraiment…". Comme toujours pour faire éclater la réalité, j'ai croisé les sources, et voici quelques compléments, omis surement en toute connaissance de cause : "Voilà une pauvre photo de samedi matin, mais qui en dit long sur l’amateurisme profond de nos amis alpinistes : on peut clairement voir une corde toute seule qui pend du relais de ce fameux 7a/b. Et pour cause, Bertrand décontracté après un échec cuisant a oublié de défaire le nœud avant de ravaler la corde !!! On voit donc Yves remonter remettre les paires dans la voie pour la deuxième fois de la matinée, en espérant parvenir jusqu’au relais cette fois, sans succès. Et pour Bertrand, ce n'est certainement pas avec rage qu'il s'est acharné dans Festina lente puisqu'il s'est arrêté au 1er relais !!" L’art est aussi un luxe de la démocratie…et François en profite largement. En plus d’être l’artiste le plus actif des falaises du nord du Lot, il manie aussi bien l’appareil photo que le perfo. Et le voici aussi à l’aise qu’avec la faune du pied des falaises, à palabrer avec Mr le ministre de la culture en personne, celui-là même qui lui remit le 4eme prix d’un prestigieux concours photos…le talent ne se discute pas et il est inégalement réparti…Bravo François…La démocratie, porteuse de causes justes et communes ?…ah oui, surement comme le truc avec un grenelle, la taxe sur papier carbone…l’écologie…c’est pour ça qu’il n’y plus personne sur la rocade sud à 17h…je mets 5min à rejoindre le parking d’Espace Comboire…ils vont tous au boulot à pied, ne mangent plus à la cantine les haricots importés de l’autre bout du monde, ont arrêté la clim à fond et ne mettrons plus de chauffage dans les bureaux cet hiver…et tous les grimpeurs feront comme Remy…y’a pas plus écolo que le grimpeur, proche de la nature, respectueux de l’environnement, à huer les prises taillées, après les avoir entourer de gros traits de cake issue de l’industrie chimique, juste pour pouvoir enchainer…
Décidément…la démocratie, le vote, ce n’est pas une bonne idée…d’ailleurs en bon anarchiste qu’est le groupuscule lacuvette, la séance de cette semaine aura lieu lundi….

dimanche 13 septembre 2009

Fiction

Ou réalité…ça aurait pu être à cause de ces guerriers brutaux venus d’un pays ou le soleil compte plus qu’ailleurs ses jours de présence, avec leur dernier opus éponyme…mais non, ils n’y sont pour rien dans l’inspiration du jour sur LaCuvette…

Je m’en souviens encore comme si c’était hier. J’étais assis aux coté de GrandBruno, dans son confortable et spacieux break, du temps où il n’avait encore rien du camping-cariste. Il m’avait convaincu de tout laisser en plan, de poser une RTT et de filer en quête d’exotisme au-delà des frontières de LaCuvette. Il m’avait trainé, au bout de 2h de route, au pied des grands murs blancs à patates et concrétions de la grotte des Branches. Il avait opté pour un accès direct, via l’Ardèche, à gué. Et tandis que la traversée ne lui avait rafraichi que le haut des mollets, j’étais bien en mal avec mes 2 bras en l’air pour préserver mon sac, avec l’eau déjà au niveau du menton alors que je n’avais même pas dépassé la moitié de cours d’eau…bref, même la marche d’approche était taillée pour lui…du sur mesure pour Bruno, qui ce jour randonna les 40m du trop long 7c, Un soleil venu d’ailleurs. Sur le chemin du retour, alors que nous échangions de longues tirades, nous fîmes stoppés par d’étranges propos émanant du poste radio. Il était question de New-York, d’avions, de tour effondrées…un canular surement, auquel nous ne pouvions participer, ayant pris justement congé de Wall Street ce jour.
8 ans plus tard, jour pour jour, comme chaque vendredi en rentrant du boulot, je profitais de quelques instants calmes, à méditer sur la semaine passée et surtout sur toutes les éventualités possibles pour le lendemain matin. Je m’étais enfermé, assis sur ma cuvette, le calbut aux pieds et un bon bouquin à la main…Alors que j’allai m’endormir, bercé par ces récits d’aventures et d’ouvertures extrêmes je fus frappé de stupeur, comme 8 ans plus tôt. Je dus relire plusieurs fois cette ligne pour me persuader que je ne rêvais pas…Il n’y avait pas d’erreur, c’était bien son nom que j’avais vu…Il était prévu que je le vois le lendemain, ce qui me permettra de l’observer attentivement. Et puis, quand je le vis monter ses pieds si haut, bander son corps comme on ne sait plus le faire, tirer sur ses bras avec tant de vigueur…c’était la première fois que je pouvais m’émerveiller en vrai, de ce mouvement que je ne connaissais que de récits d’alpinistes. Ceux qui arpentaient les paroies en quête de la fissure parfaite, comme un certain G.Rebuffat que j’avais aperçu enfant dans un livre de la bibliothèque de mon grand père : je venais pour la première fois de ma vie de voir exécuter, une dülfer…Je n’eus alors plus aucun doute, ce devait bien être lui, ce même Yves Dournon, déjà là en 1979, dont le nom figurait en bonne place dans cette bible qu’est le ‘’Coupé du Vercord nord’’.
Mais le style ne fait pas tout, et Yves finit par choir quelques mètres plus haut dans ce dièdre fissure mal commande en 7a+ de Diamant cutter, sur les redoutables grands murs de Crossey 3.Tout devint clair alors. Je compris soudain pourquoi Bertrand son acolyte tenait tant à cette éthique antique que ne le fait se servir de la perche ou de rallonges que sous la torture…cet esprit de cordée, plein d’amour, de compassion et de partage qui le pousse à rester dans l’esprit d’antan, sans user de ces anachronismes perchiens…Rien de telles que les bidouilles d’époque, short au genou comme l’indémodable knichers…l’important n’étant pas la manière, mais de seulement pouvoir se targuer d’avoir pu atteindre le relais…
Pour rester dans les années 80, insufflé par le génie déjanté et créatif du grand Iaki, GrandBruno se lança à corps perdu dans une vraie dalle, le style de l'époque. Une qui fait mal aux doigts, aux mollets et qui procure d’inégalables sensations d’adhérences furtives et précaires, avec la perspective de finir comme une mouche, écrasée sur une vitre, en cas de vol. Ne tarissant pas d’éloges sur ce bijou de technique pour lequel il compte bien revenir, je me laissai prendre au jeu et enchainai ce très esthétique Rivage, 7c, peu pratiqué de l’extrême gauche du secteur.
C’était bien réel…Sylvain était de nouveau parmi nous, après de douteux désistements depuis plus de 2 semaines. Il s’acharnait sur le très bloc 7a de Macro Pore, accompagné de Luca qui lui nageait en pleine fiction : depuis qu’il cède à l’appel de 7h30 le samedi matin il n’en finit plus de découvrir de nouvelles falaises mythiques de Lacuvette…lui qui pourrait pourtant se définir comme natif du coin…DJ, Lolette, Crossey 3…et dire qu’il ne connait pas non plus la vire, The vire, à Espace Comboire…Il y a des baffes qui se perdent…Pour combler son retard, il s’offrit Viking, le très joli 7a de coin puis l’un des plus beaux 7b de conti de LaCuvette, Festina Lente.
Espace Comboire…un rêve de crépuscule au paradis…quelques instant après que Jean-Yves ne s’eut rêvé en train de clipper le relais d’un superbe 7c rési, Requiemet après que Franck ait vaincu le cauchemar que peut facilement devenir un dièdre lisse, comme ce Scare fesse 6a…Fiction ou réalité…toujours est-il qu’on ne revient jamais le même d’un séjour sur sa cuvette….

dimanche 6 septembre 2009

Saines habitudes

Sans même sans rendre compte, avec la rentrée, nos bonnes vieilles habitudes ont repris place. Ces réveils toujours trop tôt, suivis du contre la montre pour déposer tout le monde à l’heure, avant de contribuer une journée de plus à la sauvagerie du capitalisme. Tout ça pour finir bien plus tard, avachi sur mon canapé, quémandant une bière bien méritée pendant que mes pieds savourent un massage pour se remettre d’avoir du abandonner ces tongs qui les mettaient tant en valeur. Toutes ces bonnes vielles habitudes, dont on finit par oublier l’origine et le pourquoi, qui font l’unanimité et que personne ne pense à contester.
Comme ce mardi soir (pour l’instant en tête du sondage non truqué, si l’on exclu tous les parasites…) où l’on se retrouva à Espace Comboire. Par habitude, je posai mon sac entre le bloc et le tronc coupé au pied du 7b d’état d’arrestation, laissant juste assez de place pour que Sylvain puisse y mettre sa corde et taper ses essais…j’avais même oublié qu’il avait étrangement déclaré forfait ce soir. Restaient Ludo, et Nico, qui semble s’habituer à la séance hebdomadaire en soirée…mais peu être pas encore tout à fait au style et à l’esprit angoissant si emblématique de la falaise…une petite séance peu prolifique comme il aime à les qualifier. Il débuta avec Liberté conditionnelle, le 7a+ bizarre et peu bloc d’echauff, avant de découvrir les mouvements esthétiques et variés de FSB, le 7b+ coincé entre le mythique KGB et les très exigeantes sections de Je t’aime moi non plus. Cette dernière, pourtant simple 7c eut même le privilège de le voir, n’ayons pas peur des mots, prendre un but…on se sent subitement moins seul…Par habitude et pour profiter des paires en places, je connectai, avec un grand C et comme le grand FT, le début de FSB et la fin de Je t’aime, simplement pour le plaisir de refaire ces sections, si chères à mon cœur.
Emilie, fraichement promue sur le marché du travail n’a pas tardé à trouver les bonnes habitudes du grimpeur ANPE-iste, longtemps pratiquées et il y a encore peu par Schnappi. Avec ce rythme de 5 séances dans la semaine, elle risque de vite rattraper toutes ces longues années perdues avec un crash pad. Et comme le mot moulinette est toujours absent du vocabulaire cuvettard, la voilà à s’élancer sans scrupule au dessus des points, dans quelques 6 locaux tels que La dame de pique, 6b+, sur le très beau rocher des Saillants du gua. Passés les quelques hurlements de rage (ou de terreur ?) lors des premiers vols…certaines premières fois restent parfois inoubliables…il n’y a plus aucun doute, le premier 7a tombera d’ici l’hiver !!
Schnappi, lui, fraichement promu dans la succursale de l’ANPE qu’est l’éducation nationale, fait toujours honneur à sa renommée. Accompagné du regretté Phildar, aujourd'hui moins actif que du temps de Rioup, Tétard park et Brieux, Il fut aperçu à racler un pseudo 7a+, surement à l’abandon depuis son ouverture, du coté de Crossey 3. Ce Know your ennemy, haut de 3m, caché sur un bloc à part, loin des superbes murs du secteur du dessus, était en train de disparaitre sous les buis. Comme d’habitude, il parait que ces 3 mouv sont surmajeurs, qu’un tel dévers reste encore inégalé ailleurs, que le relais se clippe à la perche. Verdict de la mule, plutôt gros 7b forçu…et quand on connait la force du gaillard…je ne suis pas sur que ce soit une bonne presse pour de futurs répétiteurs curieux et surtout masos. Et puisque c’est là bas qu’il fallait être, Jean-Yves qui découvrait la falaise, réalisa Viking, un 7a technique en dièdre fissure ouvert, puis festina lente, surement ce qui se fait de mieux en 7b dans le genre longue continuité en mur raide sur trous et rondeurs en tout genre. Bruno, en reprise, et dopé par un mois de régime de moine bouddhiste, nous est revenu gorgé de spiritualité et surtout de tonne de riz gluant, le secret de sa conti éternelle. Il en profita pour décortiquer les mouvements techniques et complexes de la dalle colorée de rivage 7c, elle aussi visiblement en manque de répétitions. Tel le scout toujours prêt, Yves refit le coup du saucissonnage, dans l’éprouvant et malcommode mur jaune fissuré de Diamant cutter, un 7a+ qui, ne risque pas d’être décoté…honneur quand tu nous tiens… Il est des plaisirs simples, que peu peuvent comprendre, comme celui de fluoriser un secteur sur la page d’un topo. Un petit bonheur enfin possible après avoir coché la variante de sortie des orbes fatales, 7c, une dalle technique, suivie dans un mur déversant très esthétique avant de finir par un dernier gros blocage pour déboucher sur une section supplémentaire en dalle, sur les rondeurs typiques du coin…bon ok, il me reste encore le 8b de Wall of Jericho…mais au delà de 8a…ça compte plus !!
Il est une habitude, presque disparue ici, mais toujours perpétuée en pays Lotois : le grand n’importe quoi…comme le lecteur assidu que vous êtes, vous l’aviez remarqué en lisant les joutes verbales via commentaires interposés entre Michel et François…Et bien figurez vous qu’ils remettent ça, et à grande échelle, avec cette fois Iaki en tête, comme en témoigne l’affiche placardée en grand sur le blog Marivalois Bah...mais je ne m’en étais même pas rendu compte, Lacuvette semble avoir repris ses habitudes, avec le post de dimanche soir, bien loin du rythme erratique des publications estivales…
Tout ne se perd donc pas, ma bonne dame...et surtout pas les photos de la semaine >>ici<<