mardi 23 décembre 2008

La folie de Noël

Ce ne pouvait être seulement le hasard qui fit que l’enfant divin choisit cette époque de l’année pour se révéler à l’humanité toute entière. Le signe d’une période faste, frénétique, pleine excitation et activités, laissant exploser ce que le reste de l’année a contenu. Dès jeudi dernier, jouaient haubois et résonnaient musettes, dans cette immense cathédrale, ce lieu de culte voué au dieu Bourrinage. Le rassemblement fut orchestré majestueusement par les souverains pontifes Nico et Luca, pour un 3eme contest Planete Bloc presque irréprochable. Presque, car on pourra s’étonner que pour la 3eme fois consécutive, le tirage au sort, censé attribué équitablement les lots du généreux sponsor du jour Monsieur eb, rien que ça, désigna encore une fois soit des membres de la famille, soit des intimes de Nico. Quand Monsieur eb apprendra par mégarde que les membres de Lacuvette, tous admirablement bien classés ont du se contenter d’un unique sticker à se partager à 5, je crains que ton renouvellement de contrat de partenariat soit des plus houleux. Je consens néanmoins à réfréner ma verve et fermer les yeux, si tu jure de faire un effort lors du prochain contest, tant au niveau du classement que de l’attribution des lots... Sinon, rien que du beau monde, ayant spécialement fait le déplacement, Toufic en tête, affuté par des mois de Rioup, Sunny et consorts mais sans Sandy, Charly sans son Phildar, et Schoob fraichement débarqué en pays cuvettard et sérieux prétendant au concours de celui qui aura de plus grosses épaules que moi. Tous en cœur, ils ont chanté l’avènement du GrandLudo qui rata de très peu le podium pour sa première participation. Dans la catégorie des plus de 2m, il reste et restera encore longtemps le leader incontesté, le reste des participants ne lui arrivant même pas au niveau du nombril. A peine 2 jours plus tard, le même GrandLudo tenta de faire jouer favorablement ses quelques centimètres supplémentaires pour shunter les mouvements du crux de Sale lierre dur, le 8a des Saillants…des mouvts a peine plus dur qu’un bloc rouge du sieur Nico. L’esthétisme des photos ne laisse aucun doute, laissant même planer l’illusion de méthodes redoutables et infaillibles…


Sylvain était à peine fatigué par une séance, la veille au Mas d’Auris, où il récupéra activement, dans le très beau et esthétique 7b+ d’Harlem délire (encore plus depuis sa toute nouvelle et toute belle sortie de droite, Délire au Harem). Il me laissa aussi plier la dernière voie restante, entièrement naturelle du site (sic…), Sport du manche un court 7c bloc dont le biscuitage par la gauche demeure depuis longtemps avéré (ouf…l’honneur est sauf). Chaud bouillant donc, il s’est laissé lui aussi tenté, ébloui par la maîtrise du GrandLudo. Peu convaincu par la démonstration, Jean-Yves préféra se frotter au long et rési 7c d’Espace d’espace. Du coup, j’optais pour faire du volume dans la même voie, tombant à l’agonie par plus de 3 fois, le nez sous le relais, incapable de saisir cette dernière inversée. Mais comme le disait il y a déjà longtemps un visionnaire dont j’ai oublié le nom "l’inconvénient majeur des voies de conti, c’est que tu ne tombes pas parce que c’est dur, mais simplement parce que t’es fatigué. C’est pour cette raison qu’on ne peut raisonnablement pas considérer ça comme de la grimpe".
Le temps de la téléportation et me voilà au pays du roi François. Vêtu comme un prince d’un autre temps, il nous convia à la petite falaise confidentielle de St Sulpice sur Célé en compagnie de Paupof et…du souvenir de Iaki…car sois disant migraineux. Par respect pour le malheureux, on dut s’abstenir de toucher à son projet de l’hiver, l’esthétique et dalleux 7c Des cons tractent. Servis par le maître des lieux, nous délectant de ses mots tous plus fins les uns que les autres comme ce "je me pèle le cul, au niveau des doigts", la séance s’ouvrait sous les meilleurs hospices. Paupof à l’honneur qui, malgré un baudrier surement trouvé dans une vieille brocante ayant pu en accueillir 3 comme elle (franchement, le iaki’s club pourrait se cotiser pour t’en offrir un vrai), déclencha les hostilités en randonnant son tout premier 7a, Sika caca, une bonne vieille dallouze technique, où ses petits doigts de fée ont pu s’exprimer avec talent. Une tension palpable dans la section facile du haut, les jambes qui flageolent et le petit sourire en coin au moment de se saisir du relais…le parfait syndrome de la réussite. A force d’haranguer François, dans sa grande bonté, il me servit sur un plateau toutes les méthodes de la même voie, mais sans ses 4 vilaines prises collées, qui devient, par un acte digne du CAT (célèbre Comité Anti Taille), le maitre décolle élève la voie 8a. Encore une subtilité qu’il vous faudra lire plusieurs fois pour en saisir le sens caché. Prenant un malin plaisir à s’étonner que je ne puisse pas atteindre le 8 autrement qu’en dalle et dubitatif devant ce style si singulier et à l’issue toujours hypothétique, François s’empressa de se lancer dans une démonstration de virilité dans le très court, très intense, très dévers et surtout très forçu Bobo Clito, qu’il FA-te et propose à 8aun vrai pour les hommes, pas en dalle quoi !! Il ne nous manquait que Iaki, non pas en tant que vrai homme, mais pour vivre lui aussi sa première fois…. avec moi… dans son premier 7c…le souvenir aurait été impérissable…
La frénésie n’allait prendre fin avant le lendemain, Franck ayant eu la bonne idée de passer la fin de l’année quelque part en pays sarladais, et par le plus grand des hasards non loin de la petite falaise d’hiver des corbeaux, à Milhac. De la molasse qui n’est pas sans rappeler Buoux avec son grain spécial et ses petits trous, mono et bi et tout genre, pas toujours naturels mais qu’importe, puisqu’il s’agit de la préhension la plus pure de la grimpe. Après plusieurs tentatives d’acclimatation, Franck finit par tondre L’gazon, un 6a tout en rondeurs et trous. Comme le monde n’est finalement qu’une toute petite sphère pleine de déjà-vus, c’est sans étonnement que l’on croisa un égaré Grenoblois en quête de ses racines. En guise de Pèlerinage, MythicMan rendit visite à une de ses vielles connaissances, Pépée, un joli 7c blanc et ocre qu’il ne tarda pas de me flasher. Vaché au relais, j’eus une pensée émue pour Iaki que j’imaginais dans cette voie, parfaitement taillée à sa mesure. Je devinais presque ses muscles saillants en train de remonter très bas les premiers gros blocages, tout en engageant une bonne lolotte comme il les affectionne tant, jusqu’au bac marquant la fin du crux, moment où toute la vallée aurait résonné de ses beuglements testoteronés.
Réplétion ne pouvait se faire sans d’autres plaisirs, ceux d’une table du sud ouest, il est maintenant l’heure de maronniser le chapon, de décapsuler les huitres et de beurrer les toasts de fois gras…un pur bonheur de grimpeurs végétariens…Et pour ceux qui réveillonneraient seuls avec comme unique compagnie la saine lecture de lacuvette, sachez qu’elle vous souhaite un joyeux Noël, plein d’excès, de futilités, d’exubérances, d’agitations et de folies.

lundi 15 décembre 2008

Immaculée

J’étais comme pétrifié, submergé par l’intensité du moment. Elle était encore sous le porche d’entrée, elle s’apprêtait à franchir la lourde porte centenaire. Malgré le contre jour, j’apercevais sa superbe parure immaculée. Elle avançait lentement, au rythme des chants de l’assemblée. Toute sa blancheur illuminait la petite chapelle romane pourtant sombre et mal éclairée. A chacun de ses pas, les dalles polies par des siècles de pèlerinages résonnaient. Elle nous plongeait dans une profonde émotion. Le temps semblait ralentir et puis, je la découvris enfin près de moi…et je n’eus d’autres choix que de prononcer ces quelques mots qui, pour le meilleur et pour le pire allaient définitivement changer ma vie….’’oui, je le veux‘’.
Plus blanc que blanc, comme dans l’histoire d’un mec, parlant de lessives. La même couleur, pour une première à Planète Bloc. Je fus intrigué par un Sunny hâbleur, vantant les vertus d’un bloc de cette si pure couleur, coincé dans un angle au fond de la salle. Il réussit à me persuader, à tenter la contorsion du bas et les plats du haut. J’y ajoutais une ruse à l’éthique dont j’ai le secret, un bout de majeur subtilement coincé dans l’insert de la vis pour réaliser la seconde et dernière répétition de ce bloc étrange. Dernière, puisque Nico le PB Master, bien conscient des limites de mon potentiel en la matière, s’est empressé de corser la fin, histoire de m’éviter la grosse tête. Mais l’honneur sera sauf, car le même Sunny m’a révélé une méthode à faire rougir mon éthique, dans un autre bloc blanc que même notre PB Master n’a jusqu’alors pu vaincre.
La neige est un bien bon prétexte à rester chez soi. Je ne dénoncerai pas certains de mes collaborateurs qui m’annoncèrent plus de 60cm devant leur garage, empêchant toutes tentatives de sortie. Même Nico a tenté l’excuse pour faire passer son ¼ de retard pour l’ouverture de Planète Bloc, compromettant ainsi toute l’intensité de ma séance hebdomadaire et réduisant mes chances d’enchainer le suscité bloc avant lui.
60cm donc, et à l’instar du team Never stop climbing, des conditions idéales car improbables, inimaginables voir incompréhensible pour certains des cuvettards, ceux là même qui nous affubles du glorieux qualificatif de ‘tarés’ depuis plus d’un mois déjà. Des conditions uniques, une vraie source d’inspiration, décuplant nos forces. La première à se laisser prendre au jeu fut Emilie, bonnet et t-shirt de rigueur et une bonne collante pour s’envoyer Elipse, un bloc de la Capelle (non… malheureusement…pas la Chapelle de Rioup’ !!!) à la cotation misogyne qui passe de 7a à 6c+ suivant que ce soit un bon bourrin poilu ou une élégante et légère nymphe épilée qui se retrouve au sommet.
60 cm donc, de quoi bien caler la voiture contre les congères, en vrac contre le bas coté.
A peine sorti, Sylvain, emporté par son instinct de trappeur, tel le David Crockett dans les vastes étendues sauvages, n’hésita pas une seconde avec de s’engouffrer dans la foret. Avec comme seul GPS son flair et les empreintes laissées par les caribous locaux, il prit l’initiative de faire la trace jusqu’aux dévers du petit Nice aux Saillants.
Entre le spectacle offert par la neige et les stalactites ornant certains relais de leur superbe, nous profitions de ces instants privilégiés.
Tandis que le soleil nous réchauffait de ses premiers rayons. Sylvain, que nous ne pouvions décidément pas contenir, cala ses gestes pour les dires, un 7c rési qui, pour tout cuvettard qui se respecte, ne peut se faire que sous la neige.
Il nous réserva même la surprise de taper un essai…ou plutôt un pseudo essai, un demi run, dans la première moitié de la voie…tentative largement encouragée et qui, nous l’espérons, lui a permis de se décomplexer face à l’idée de croiter son premier 7c….
Attention Iaki, tu risques de te faire coiffer sur la ligne !!
Après une visite dans la même voie, balayant les amas de neige pour Sylvain,
Jean-Yves s’est essayé au style complètement différent d’Espèce d’Espace. Un long 7c qui réserve un joli calcaire sculpté et se termine par une petite section physique et complexe qui a surement du en faire hurler plus d’un. Je soupçonnerai même certaines de nos connaissances à l’éthique douteuse d’avoir rallongé le relais pour pouvoir se passer de quelques un de ces mouvements. La chaleur se faisant sentir, la neige prit un malin plaisir à fondre et à dégouliner le long du relais, jusqu’à venir tremper ces fameuses prises. Je fus alors contraint à mon tour à un pseudo essai, jusqu’au ¾ de la voies, avant de prendre une douche bien glacée…dire qu’avec un peu moins d’éthique, l’affaire aurait pu être pliée...
Immaculée comme mon éthique irréprochable, cette pureté qui me ronge, même à Planète Bloc, me poussant à me servir des angles, des trous d’insert et de vis, à me coincer les ongles sous les volumes mal vissés, à poser malencontreusement le pied par terre lors de gros balans, à cocher des blocs qui n’existent plus…et à Noël je commande une nouvelle perche avec une palanquée de rallonges a faire pâlir le plus prude des Schnappi (comme celle que t’as mise dans le Lacet, le 8a+ des Saillants…)

samedi 6 décembre 2008

Responsables

"Prends tes responsabilités. Prépare tes arguments, montre que tu maîtrises parfaitement ton sujet. Ne te laisse pas impressionner, garde le cap, reste sur ton objectif. Occupe l’espace, creuse ton sillon et fait tomber tout le monde dedans. Il ne te restera plus qu’à les amener là ou tu veux les faire aller". Ce fut sur ces dernières paroles que mon patron me laissa entrer dans l’arène, dans le panier crabe du comité de direction. Une heure plus tard, l’affaire fut pliée, l’auditoire acquis à ma cause et le budget alloué pour mener à bien mon entreprise. Malgré ce qu’on peut penser, le boulot à toujours une fâcheuse tendance à déteindre sur notre vie privée. Sinon, comment expliquer l’aplomb avec lequel j’ose encore affirmer chaque vendredi soir au team lacuvette qu’il fera beau, chaud et que, cerise sur le gâteau, toute la falaise sera sèche. L’ensemble, en dépit des prévisions météo apocalyptiques, des 10 cm de neige qui s’amoncellent dans les rues et de l’ambiance froide et humide du mois de décembre… Une telle mauvaise foi aurait pourtant fait du bien à Iaki et François, en les forçant à mettre le nez dehors, plutôt que de rester se morfondre dans la grisaille d’un vieux gymnase. Sylvain lui, tomba dans le sillon, et se retrouva bien malgré lui sous les dévers du petit Nice, aux Saillants, faisant abstraction de la neige en train de tomber et des immenses trainées mouillées striant la plupart des voies. Prenant ses responsabilités, ce fut sans hésitation qu’il entreprit de travailler la section du très bloc Sale Lierre Dur, 8a, avec le secret espoir que son pouce désormais hyperlaxe, lui permettrait d’enserrer les pincettes les plus démesurées. Un bel acharnement, des jeté pleins de conviction, de multiples tentatives de crochetage de talon (même si sans eb, chacun sait que la quête est inutile) n’ont eu raison de sa motivation. "2 séances à Planete Bloc, on revient samedi prochain avec Oliv et GrandLudo et on se la torche à l’échauffement !" Entendis-je alors qu’il rangeait ses affaires en lançant un regard inquiétant à la falaise.
Planète bloc, elle non plus n’hésita pas une seconde à prendre ses responsabilités en affichant son soutien, en plus de lacuvette, à L’ECI, la camorra de l’équipement local, là où se trame les exactions sordides de purs équipeurs sans scrupule. Sur chaque présentation d’une carte de membre, 10% seront gracieusement accordés (alors à qui on dit merci ??). L’argent gagné ira alimenter les caisses noires de la contrebande et du réseau de contrefaçon de matériel d’équipement. Grâce à Planète bloc, je pourrais rajouter quelques points dans certaines de mes voies ou, mieux encore, réaliser mon rêve en équipant de véritables rampes à clous, si rassurantes et bienvenues en cas d’angoisse subite, les pieds soit-disant au dessus du dernier clou…
Entre les moult essais de Sylvain, je prenais le temps de tomber plusieurs fois dans le dernier mouv de Protection Rappochée, le 7c physique de droite. Bien décidé pour une fois à réfléchir, histoire de voir si, dans la vie de tous les jours, mon glorifiant doctorat scientifique, pouvait se révéler d’une quelconque utilité. Il fallait partir du constat, je m’évertuais à bourrer mes doigts dans ce tri inversé sans qu’ils ne daignent s’enfoncer au-delà d’une demi-phalange. Plusieurs hypothèses étaient possibles. Par exemple, cette température sibérienne pouvait affecter les qualités de ma peau de bébé. En la congelant superficiellement, elle en annihile la souplesse et la malléabilité qui lui permettent, en temps normal, de se déformer et d’épouser les formes du rocher. Ce pouvait aussi être un disfonctionnement hormonal, réduisant mon étonnante faculté naturelle à lubrifier les orifices dans lesquels mes doigts s’insèrent, rendant ainsi plus difficile une pénétration plus en profondeur…A l’issue d’une analyse fine des données en ma possession, la solution me sauta aux yeux : prendre le tri en mono !!! Un essai de plus et le tour était joué... juste un doigt…et l’extase... de clipper le relais…
Yves lui, aurait-il passé l’âge ? Pour ses doigts, je ne sais pas, mais pour tomber dans le fameux sillon, peut-être. Son dernier message cinglant semblait sans appel "vous êtes tarés". Pourquoi tant de rage contre les machines, contre les machines à grimper de lacuvette ? "Et maintenant vous faites ce qu'ils vous ont dit de faire (4 fois) Et maintenant vous faites ce qu'ils vous ont dit de faire, vous êtes sous contrôle (7 fois) Et maintenant vous faites ce qu'ils vous ont dit de faire !"
Et on te dit que samedi matin prochain, il fera beau et chaud, que ça sera sec et que tu viendras avec nous !!