dimanche 31 août 2008

Mort de faim

Si la théorie fait systématiquement partie des séminaires de management, c’est qu’elle doit être fondée sur des bases solides. J’allais m’en apporter la preuve. Selon Maslow et sa célèbre pyramide, l’être humain ne peut s’accomplir et s’épanouir qu’à la première condition d’avoir pu assouvir ses besoins le plus primaires, ceux lui permettant d’assurer sa survie, son équilibre vital et physiologique.
C’est ainsi que pourrait s’expliquer cette semaine inhabituelle et agitée. Un emploi du temps à faire rougir les plus actifs des retraités comme Yves (dit Papy, en ce moment en plein trip cyclotourisme avec étapes relais châteaux 3 étoiles, masseuses tous les soirs, repas gastronomiques à midi…) ou les plus occupés des profs en vacances/grèves/arrêts maladie comme Francky et Iaki.
Tout débuta lundi, à l’heure où l’estomac de mes voisins de bureau commence à gargouiller, humant les doux effluves d’huile à frittes rance de la cantine. Les abandonnant au supplice du repas "boulot", je sautais dans la voiture, en route pour une petite plage, garnie de jolis blocs polis par des siècles de ruissellement des eaux…la Corse, la Sardaigne ???…encore mieux…Riouperoux !!!! ou plus justement Séchilienne et le bloc de Riverman, les pieds dans l’eau. Armé du topo glané auprès de Toufic, me voila à compresser du plat et ce qui reste de grain épargné par la Romanche, et exulter en réalisant les départs assis de Toboggan 6b+ puis de la Pouasse 6c. En guise de pause café et avant de regagner mon poste, je poussais même le vice jusqu’au secteur Centre Ville pour changer de style et arquer les réglettes des beaux profils du bloc de la Caravane. Après les 2 6a+ de droite, j’allais enfin avoir la révélation en m’essayant à la Grange, historique et véritable 6c. L’absence de pied, l’inconfort de cette règle verticale, ce jeté qui dépasse l’entendement et enfin cette prise de réception en épaule si lointaine m’ont fait prendre conscience de l’immensité que me sépare encore d’un simple 6c bloc. Quand je pense même que le départ assis est possible et ne cote que 7c+, je m’aperçu alors de toute l’étendue de possibilités des grimpeurs, des vrais grimpeurs… C’est juré, plus jamais je ne taillerai de prise, puisqu’un passage me paraissant impossible ne dépasse en réalité guère le 6c bloc et qu’une zone verticale plus que lisse n’atteint que péniblement 7c+…je n’arrive même pas à imaginer un 8a bloc !!!!!
Mardi soir, après avoir récupérer les enfants, sur le chemin du retour à la maison, nous fîmes un court détour par Espace 2000Schnappi nous offrit une belle démonstration de force, tout proche de l’enchainement de sa nouvelle création Pédozoonécrophile 8a.
Vénéré jusqu’à lors pour sa force et son aisance sur les platasses, force est de constater qu’il fit piètre figure devant Charlie, fraichement rentré plein de croix de Sud Ouest. Il ne fit qu’une maigre bouchée de la belle, s’offrant ainsi une belle première répétition. Ayant par hasard retrouvé mes eb au fond du sac des enfants, j’en profitais pour tâter les prises du Bebert Project, 8a, amoureusement rééquipé et brossé par Schnappi, et qui s’avère finalement plus qu’intéressant, très à doigt et plein de subtilités techniques. Au chapitre des anecdotes, de l’arroseur arrosé, notons Sylvain prit au piège du départ abusivement préclippé (du 3ème point !!!) : une zipette dès le départ de Soleil vert 7a+, un grand pendule pour finir par un atterrissage douloureux sur le gros bloc au sol….
Mercredi midi, fuyant la cantine, je m’émerveillais du tout nouveau pan aux couleurs psychédéliques chères à Nico de Planete Bloc, accessoirement partenaire de Lacuvette. Un jaune-orange qui flashe, un léger dévers coupé de 2 petits toits pour un développé jamais égalé auparavant…un vrai highball comme à Rioup !! Bon boulot Nico et on attend avec impatience les 40 nouveaux blocs du Contest du Jeudi 04 Septembre…et n’oublie pas que tu as la lourde responsabilité d’organiser le bourrinage de la pause déjeuner du team...
Jeudi soir, direction Rioup et le secteur EDF. Des blocs variés, parfaitement brossés et topographiés par Sunny, de quoi remplir une soirée de nombreuses croix pour tous, dans le 6. Franck manque de galanterie et prend la première place de la belle perf. Toujours impeccablement looké, cette fois ci avec d’adorables tongs ficelles rose bonbon, parfaitement coordonnées avec le noir de ses orteils velus non épilés pour l’occasion, il est venu à bout du départ assis du n°46…6b…lui qui n’a jamais fait de 6a ni de 5+, ni de 5… parce que j’ai réussi à le persuader que l’escalade ne commence qu’à partir du 6a (après l’avoir aussi convaincu que grimper en moulinette n’existe pas…).
Emilie se contente de serrer les prises du même bloc ainsi que celles du départ assis de Sale Prêtre, 6b encore, mais se refuse à torcher son premier 6c, avec comme mauvais prétexte de vouloir réserver cette première à d’autres et à un projet à la Capelle !!
Tandis qu’elle préfère broyer les règles, Ludo se régale de rondeurs
et Schnappi de l’angle lisse du très esthétique Crocodile 7b+
Préférant Rioup (encore) au poisson bouilli du vendredi midi, je découvrais le très agréable et paisible secteur de Flowstone Paradise. Après m’être demis le coccyx en chutant lourdement dans Zorya 6a+ sur le bloc de la Boule, je remerciais les genéreux grimpeurs ayant laisser 2 carrés de mousse au secteur Cours du chaos, parfait pour faire les superbes 5+ du bloc de la Traversée puis le sublime Logrus 6c sur le Forty Five. Mais la raison utltime de ma présence fut d’aller tâter les règles du fameux Snatch 7a incontournable aux dires de nombreux habitués…mais chuuut, personne ne doit savoir que je caresse en secret le projet de pouvoir un jour enchainer un 7a bloc… L’intarissable Foué m’accordera-t-il sa grâce lui pour qui "grimper seul à Rioupéroux…c’est beau" ?
Et pour terminer la semaine, je réussis à trainer Sylvain et Oliv jusqu’à la méconnue petite falaise de St Aupre.
Petite mais redoutable, et le dédain de mes 2 comparses fut puni d’abord par l’exigence de leur échauffement dans Dulferugineuse, simple 6c,
puis par la rési nécessaire pour venir à bout de l’Etron commun 7a.
Je me régalais ensuite des belles strates grises de UF bouse 7b avant de découvrir celles du Formateur formaté 7c qui méritera surement une nouvelle visite.
La semaine touche à sa fin, mon appétit insatiable semble comblé et mon équilibre retrouvé. Me voilà prêt pour maintenant me construire et me projeter….et oui, ça y’est, la semaine prochaine, c’est la rentrée !!!

dimanche 24 août 2008

Défaite à domicile

On leur trouve souvent les explications les plus diverses et variées, alors qu’elles sanctionnent simplement un excès de confiance, une baisse de motivation ou d’enthousiasme, comme si la routine et les habitudes pouvaient subrepticement altérer nos jugements et masquer le bonheur que nous avons pourtant là, devant les yeux, à portée de main. C’est ainsi qu’Oliv ne daigna même pas s’aligner au départ de l’épreuve de la matinée, préférant plutôt voir transpirer à sa place quelques athlètes dans la moiteur de la Chine moderne. Idem pour Yves et Bertrand, peut-être lassés des belles falaises de Lacuvette, qui ont opté pour une randonnée tranquille dans les brumes matutinales, sur les balcons verdoyants de St Pancrasse et ponctuée de quelques maigres passages de varappe. Que dire aussi de Iaki qui ne sait plus se régaler d’Autoire, authentique et paisible usine à détraquer les genoux et vraie fabrique de mulets élevés à la graisse de canard. A l’entendre s’épuiser en fadaises et autres billevesées, il en oublie même de taper des essais dans son projet…comme aujourd’hui, hier et le reste de la semaine, sous prétexte d’inondation de la vallée, de stalactites dans les voies ou de présence surnaturelle d’animaux préhistoriques dont il aurait retrouvé quelques poils.
Mais la pire des défaites est de refuser le combat, et comme me le rabâche si souvent mon patron, il vaut mieux de petites victoires que de grosses défaites. C'est ainsi que j’en ai même oublié de remercier Iaki pour ses encouragements, lorsque je récupérais ses paires en enchainant par hasard son projet, Huile de coude 7b+. Lui a qui je dois d'avoir pu franchir la barrière symbolique des 100 voies de ce niveau...loin derrière François et ses presque 400 voies dans le 8eme degré, mais il faut bien commencer…Il s’est même offert ke luxe de douter de ses aptitudes en allant chercher au plus profond des Vosges un 8a granitique et dalleux à souhait, Clair de Lune à Martinswand, comme pour se rassurer de sa polyvalence et de son excellence...
Gonflés à bloc à l’idée d’enfin pouvoir renouer avec l’exigence du pays cuvettard, c’est Sylvain qui nous traina jusqu’au pied de la petite DJ. Là où Schnappi avait récemment sévit en ouvrant une petite dernière, visiblement complexe, tordue et forçue, à l’image de son géniteur, les morilles sur les burnes potentiel bon 8a où fermer le bras et serrer les prises devraient encore prendre tout leurs sens. Petit à petit donc pour Sylvain, Ludo et Jean-Yves qui se sont humblement mesurés au test de force qu’est Schtroumpf terminus, 7b+.
Un départ qui retourne les doigts avant de faire place à cette très belle colos qui, malgré ces quelques petits mètres, requière tant de résistance, précision, vitesse et coordination.
De beaux essais, à fond, jusqu’au bout, essoufflés….avec un vrai air de Sharma pour Sylvain, le cheveux blond mi long, nonchalant, les beuglements sourds d’aurochs en rut, le jeté précis au bout des doigts et une technique de pieds à faire regretter d’avoir investi dans des eb….mais toujours cette dernière pince mains gauche qui restera intenable…pour cette fois encore…
Restent plein de bon rushs vidéo qui n’attendent que le montage d’un Iaki local qui s’ignore encore !!
Pour ne pas voler la première à Schnappi, Ludo m’a forcé à faire de volume. Alors qu'il tentait de se chausser d’une piètre copie d’un ancien modèle eb, un ersatz jaunâtre et mal ajusté, il me poussa dans les morilles dans la brume.
Un long 7c+ dont le souvenir d’une fin trop physique se révéla finalement plus qu’exagéré, laissant maintenant planer le doute sur une potentielle croix à venir...
Petit à petit aussi pour le site de Lacuvette qui se dote d’un nouveau lieu de bavardage pour cuvettards au verbe et à la plume faciles, via la rubrique du même nom, sur la droite, pour tchatter en direct et faire courir les rumeurs les plus folles.
Pour tous ceux qui n’étaient pas là….petit à petit donc, l’oiseau fait tranquillement son nid….

samedi 16 août 2008

Révélation

Il fallait s’y résoudre, les pérégrinations lotoises allaient prendre fin en même temps que devaient recommencer les matinées en 4eme vitesse à larguer les enfants chez la nounou avant de d’enfreindre les plus élémentaires des règles du code de la route pour arriver à l’heure au débriefing du lundi matin au boulot.
Je profitais du peu de répit qui me restait pour une nouvelle fois profiter des charmes d’Autoire.
En l’absence du dieu vivant Francois, qui même quand il n’est pas là garde un œil sur nous, je suivis ces conseils dans Nikita, 7b+. Une fois dépassés les aprioris quant à la qualité de l’équipement, de véritables plaquettes faites main, inclippables avec la plupart des mousquetons modernes et surtout toutes généreusement mangées par la rouille, s’avère une bien jolie voie sur concrétions et autres colonnes. Pour faire honneur à François donc, je m’essayais à coincer 2 audacieux genoux dont je ne garde qu’un souvenir lancinant de scarification, avec ce grain acéré prenant un malin plaisir à venir lacérer mes cuisses dodues à la douce peau de bébé. Pour finir, je préférais les 2 gros plats sous les draperies finales, dans un dévers bien prononcé, en guise de repos
Je m’en doutais déjà un peu, à voir les membres inférieurs de François se tordre et se disloquer dans tous les sens. C’est sans aucun doute le problème typique des contrées isolées, où, à force de consanguinité, apparaissent des dégénérescences, comme par exemples des genoux hyper laxes et malléables, permettant aux locaux d’engager d’incroyables lolottes et surtout d’épouser à merveilles les reliefs des volumes de la falaise. J’en eu la certitude en voyant Steph monter nonchalamment récupérer mes paires, usant et abusant de genoux jusqu’à passer plus de 20mm à se refaire en lâchant les deux mains …mais bon, on a de la rési ou on en a pas !!
Une autre tare locale est incontestablement cette formidable capacité à serrer ou plutôt à broyer les prises, en particuliers les colos et les réglettes bien plates, comme celles de Jo la fusée 7a+ dont je garde une contracture dorsale suite à un échauffement trop ambitieux, et surtout comme celles d’Huile de coude, gros 7b+. C’est de Iaki que vint l’avanie, sa démonstration à tenir puis bloquer bas, très bas (mais grâce à l’artifice d’une enième lolotte…mais bon, on a de la force ou on en a pas…) ces 2 règles infâmes m’a littéralement laissé pantois.
L’admiration fut encore plus grande lorsqu’à mon tour je me saisissait de ces 2 règles, constatant que j’aurais du mal rien que pour m’y suspendre, que la prise suivante demeurerait hors de portée, sauf si la longueur de mes bras venait subitement à doubler et enfin que cette lolotte ne serait possible que si on pouvait procéder en urgence à une ablation totale de ma rotule...sans compter mes trop larges épaules de nageuse d’ex Allemagne de l’Est qui m’handicapent cruellement dans tous ces mouvements de coté…mais heureusement, à part quelques problèmes de pilosité, ces cures intensives de testostérones n’ont pas eu d’effet négatif sur mon opulente poitrine…
Il a fallu toute la comédie de Iaki, feignant la fatigue (pour un professionnel body buildé du sport, fallait oser la faire celle là !) en tombant avant le sus cité crux, pour me pousser à taper un ultime essai pour récupérer ses paires. Et là, encore un fois, je retrouvais ces sensations exaltantes, avec ces deux non prises dans les mains, impossibles à serrer, montant les pieds au hasard et jetant plein de désespoir et de hargne sur la prise suivante, fermant le yeux comme pour refuser l’échec…pour finalement les rouvrir, cette prise miraculeusement en main, hagard, surpris, sans rien y comprendre, puis pris de l’angoisse jubilatoire de devoir se ressaisir, se concentrer de nouveau pour atteindre la chaine. J’en oubliais le genou suivant…celui qui permet à Iaki de faire la conversation durant ses essais… pour lui préférer la décontraction sur les plats suivants, avant d’oser un dernier jeté sur le plat final, sans prendre cette dernière réglette, puisqu’une nouvelle fois, j’aurai été bien incapable de la tenir.
3 jours plus tard, alors que je me ressourçais à domicile, comparant le paysage offert depuis la vire d’Espace, j’eus subitement un flash, tout devint subitement limpide.
Tandis que j’observais Sylvain à 200% dans Etat d’arrestation,7b, entre jetés, jambes tremblotantes, pieds qui patinent et regard hargneux mais plein d’incertitude, je compris enfin ce qui empêchait les autochtones lotois, Francois et Iaki, de cocher plus rapidement leurs projets du moment, respectivement Huile de coude 7b+ à Autoire et Le oui pour le non, 8b de St Géry : leur quête de la perfection, du geste fluide et léger, certainement très utile le jour ou un jury attribuera une note artistique aux grimpeurs mais malheureusement en aucun cas gage d’efficacité tant il requiert de marge. Pour preuve ces quelques images de Iaki, pour une fois devant la caméra, timide et refreinant ces râles…
Remarquez le flagrant manque de pratique "espace comboirenne" avec ce jeté effectué en deux temps, cet élan complètement coupé, cette dynamique mal optimisée, cette inertie corporelle mal canalisée, ce relâchement trop confiant…et sanctionné par l’échec…
C’est donc pour faciliter l’assimilation du fameux "Lacuvette touch" que le ministère de la culture, les monuments historiques et bien sur eb se proposent de vous offrir un séjour au pays des mulets aux triples taquets.
Que"‘bourrine et jette" devienne ton ultime précepte…Bienvenu dans l’antre de Lacuvette…

dimanche 10 août 2008

Accord parfait

Notre largesse d’esprit nous pousse sans cesse à comparer toute originalité, toute nouveauté à quelques uns de nos repères, déjà bien présents et ancrés dans nos souvenirs.
La rime sonnait déjà parfaitement bien. L’écho des sonorités se répondant à merveille ne pouvait présager que de plus amples similitudes. Il fallait pousser l’investigation et profiter du chaleureux accueil du maitre incontesté des lieux, François Tournois, pour laisser nos sens vagabonder et se délecter du plaisir de la découverte.
Autoire….Espace Comboire. une harmonie, une symbiose qui allait se révéler être une évidence…



Le paysage d’abord, à contempler, dans les deux cas, depuis de petites vires surplombant la vallée, dominant un vaste horizon de collines verdoyantes ici, et l’immensité des chaines montagneuses enneigées d’où émerge fièrement au loin le Mont Blanc là bas. En contrebas, des vestiges d’architecture qui marqueront notre histoire, un village fait des vieilles maisons paysannes magnifiquement restaurées, des pigeonniers carrés et de somptueux manoirs, et de l’autre coté un gargantuesque complexe commercial grouillant d’activités et témoin d’une urbanisation galopante et mal maitrisée. Des bruits qui bercent les plus sensibles des oreilles, le clapotis de la cascade qui creuse depuis l’éternité le Causse jusqu’à se jeter du haut de ses 30m au pied du village, contre la rumeur plus constante et rassurante de cette chère Rocade Sud qui nous octroie le privilège d’entasser des milliers de vacanciers pollueurs.
La falaise ensuite, avec ces murs qui ont eu la bonne idée de concentrer l’essence même et la richesse de la grimpe en se contentant de profils généreux, légèrement déversant et qui jamais ne sombrent dans le travers des grands murs de conti ennuyeux et sans saveurs. 25m max, même si à Espace comboire on atteind quelques fois les 35m dans les nouvelles dalles du secteur extrême gauche. La palme des voies dont le relais est clippable du sol avec la perche revient à Autoire et ces premières voies sous l’escalier !! (la première reste à faire dans lacuvette, avis aux précurseurs…). Ici le temps a modelé un grain subtil et disséminé à bon escient de vraies draperies, des colonettes géantes noires et jaunes…comme ces superbes crêtes de dinosaure des très sympas Diable en rit encore 7a+ et Panique à topo city 7b+….rien à voir avec nos pauvres colos bleues gluantes et sans adhérence du Vercors.
De belles couleurs strient les murs plus récents, amoureusement défrichés par Patrick, qui fut là bien avant tout le monde, et nous offre par exemple un très a doigts Saut d’homme et Go more 7a. A Espace, le gris reste de rigueur, judicieusement sculpté et croustillant, même si quelques rares colos fines ajoutent ici et là une touche d’exotisme !
Partout, les voies sont exaltées tant elles offrent complexité et intensité. L’effort à fournir est à l’image du volume sonore des râles agonisants du Spielberg local Iaki (ici son dernier court métrage), dans Huile de coude 7b+.

Toute la sagesse de Francois a permis d’accoucher ici du paroxysme des mouvements impossibles, comme par exemple dans Le pastaga de la tolérance 7b+, où un pauvre morceau de colo intenable (…lapalissade, pour un cuvettard) se mue, grâce un alambiqué coincement du genou opposé venant délicatement compresser la main contre le bord désespérément lisse de la colo, en un délicieux bac, duquel le jeté suivant devient finalement un jeu d’enfant.
L’analogie ne pouvait être complète, et j’allais bien finir pour trouver une divergence, comme ce ricard, qui finit toujours par troubler l’eau, et que je sirote tranquillement en terrasse. En fait, ici, le temps s’est ralenti, la foule ne se masse pas au pied des voies, personne ne s’épie ni se jauge. Chacun est là pour partager des moments privilégiés, profitant du calme de la nature et de la sérénité des lieux. Comme ces quelques instants passés à St Géry avec Francois,
qui, après avoir randonné le Non pour le oui, 7c+ dans lequel je me suis usé en essais, s’est essayé à la belle ligne du 8b, Oui pour le non.
Ses genoux montés à l’envers m’ont humilié par leur aisance à se contorsionner, offrant une multitude de lolottes douloureuses et contre-natures pour le reste des grimpeurs normalement constitués.

Enfin, règne ici plus qu'ailleurs, une ambiance qui me ramene à mes joies et mes souvenirs d’enfant, autour du feu de camps de la colo de l’été, où tout le monde il est gentil, où l’on ne pense qu’à s’amuser en se jurant que l’on s’aime tous et que l’on ne s’oubliera jamais…merci François, Sosso, Iaki, Steph, JP, Nico, Paupof et Noëlle…

dimanche 3 août 2008

Première fois

On en avait vaguement parlé, sur un coup de tête, sans se prendre au sérieux. Mais, à force d’éloges de Sunny et Toufic, purs mutants locaux de la force, d’articles encenseurs et émouvants de l’inénarrable et prolixe Foué dans de le plus sérieux des magazines officiels, l’idée a lentement mais surement fait son chemin. Et puis, il a surtout eu ces harcèlements incessants de notre voisine du bureau, venue troubler l’ambiance tranquille, feutrée et studieuse du service. Ses litanies quotidiennes, à vanter les mérites des spots comme Lacapelle, St Just ou Ailefroide et sa frustration à l’idée d’enfiler un baudrier et de grimper plus de 5 mouvements d’affilée ont eu raison de nous…avec Franck, nous avons succombé…
Ce mardi marqua notre première expérience troublante dans cette vallée qui concentre ce que nous connaissons de plus austère, Rioupéroux.

Plein d’apprioris, d’images surfaites de fin du monde, nous pénétrions dans l’obscurité inquiétante de ses hameaux perdus…Gavet, Rioupéroux, Livet…de ces villages sombres et déserts, émanent une réelle et indescriptible angoisse, sortie tout droit de vielles légendes qui semblent hanter à jamais ces lieux maudits. Tandis que défilait ce paysage sépulcral, la tension montait, réveillant au passage de douloureux et lointains souvenirs de rupture de ligaments croisés lors d’un ultime essai dans le Toit du cul de chien à Bleau. Même si quelques rayons de soleil léchaient péniblement les entrailles de ce fond de vallée encaissée, l’atmosphère resta particulièrement pesante, comme cet accès au parking du secteur edf, à la tombée de la nuit, où les ombres macabres des immenses sommets environnants nous étreignaient. D’abord, la traversée du pont instable, le bruit sourd de la centrale désaffectée, doublé des cris violents de la Romanche, puis les barbelés, les grilles rouillées, flanquées d’un funeste panneau "accès strictement interdit"…une odeur de mort …oppressés….mais plus que jamais motivés !
Question d’habitude surement… nos chers Vouillants seraient-ils tellement plus hospitaliers ? Est-ce l’atmosphère plus amène des poubelles, qui, en ce même jour a retenu Sylvain et Jean-Yves, pour taper des essais dans le pourtant très bloc Frites burger 7b, revu et corrigé par la fin de sa voisine de gauche, avec des raccords de sika pour les pieds, et un point supplémentaire pour se protéger des derniers silex sous le relais ? L’occasion pour eux aussi de réviser leur connaissance en anatomie dorsale, en assurant le musculeux Marc, qui les a gentiment gratifier de deux "jacquetteries" du plus bel effet, deux ratasses, le nez sous le relais, dans le tout nouveau Enfer du décors 8a, première partie d’Avec vue sur la merde possible 8b (…des noms évocateurs pour laisser songeur)….la peur de la réussite et surement l’envie de refaire une dernière fois ces belles sections rési et physiques.
Rioupéroux donc, passés les abords sinistres, les blocs se sont ouverts à nous. Au grès des secteurs, Zeghema Beach, le très sympa bloc de l’Oisans du Centre ville, puis EDF, le charme commença à opérer. Un grain agréable, suffisamment adhérant sans agresser la pulpe fragile des nos doigts manucurés, des préhensions étranges, incroyables, faites d’angles, de plats, de règles, le plaisir de se donner à fond, de tenter à n’en plus pouvoir le même passage, de caresser ces prises jusqu’à réussir à la valoriser, d’apprivoiser ces profils inconnus, un concentré de l’essence même de la grimpe, jeter, jeter et encore jeter !!….pour se retrouver finalement debouts, au sommet du bloc, sereins, comblés, épuisés…On regrettera peut-être la voiture pour changer de secteurs, la faible fréquentation de certains blocs qui a laissé la mousse refaire son œuvre, le pied exigu et le confort restreint de certains chaos…
Et pour finir en apothéose, il s’est partagé un délicieux gâteau, fort au chocolat, ou plutôt un galette si l’on en juge par son épaisseur…il ne manquait plus que les bougies, les nombreux et mérités cadeaux , et les voix viriles et rauques de tous les membres de Lacuvette entonnant le traditionnel "joyeux anniversaire"…
Et si, pour mes 22 ans, vous m’offriez tous un crash-pad ?